Saturday, September 02, 2006

Les produits toxiques déversés en divers endroits de la ville d’Abidjan commencent à faire leurs effets meurtriers.

Notre Voie - 9/1/2006 9:45:04 PM

Les produits toxiques déversés en divers endroits de la ville d’Abidjan commencent à faire leurs effets meurtriers. Hier, les populations exaspérées de la Riviera ont manifesté leur colère.

Impossible, hier, de traverser la Riviera Palmeraie pour se rendre à la décharge d'Akouédo ou à Bingerville. Les habitants des quartiers, par centaines et sur le pied de guerre, empêchaient tout véhicule de passer. La raison de ce mécontentement, les effets meurtriers des déchets toxiques qui ont été déversés à travers la ville d'Abidjan, notamment à Akouédo, au Zoo et à la zone industrielle de Yopougon. Dans tous ces secteurs, la respiration est difficile, tant l'odeur ambiante est forte. Et dangereuse. Dans le seul secteur d'Akouédo, plus de 400 personnes ont été admises à l'hôpital durant la semaine écoulée et on déplore le décès d'une fillette dans le village d'Akouédo.
Ici, les produits toxiques ont été déversés dans une canalisation située à l'entrée de la décharge. Le docteur Lassina, sous- directeur de la gestion des déchets ménagers au district d'Abidjan, soutient que le 19 août, un camion citerne affrété par la société Tomi basée à Vridi-canal, s'est présenté au pont bascule. Il a été normalement pesé, le conducteur du véhicule ayant déclaré des eaux usées et présenté des documents douaniers. Il a donc pu librement se débarrasser de son chargement. Mais dans la même nuit, les riverains ont commencé à en ressentir les effets néfastes. «Le Ciapol s'est rendu sur les lieux. Il a effectué des analyses. C'est de l'hydrogène mélangé à de l'ammoniaque», explique M. Lassina. Il insiste sur le caractère cancérogène du produit et invite les uns et les autres à aller se faire consulter par des médecins. La seule précaution prise a consisté à épandre un mélange de grésil pur mélangé à de l'eau, sur la décharge pour atténuer les odeurs.
En attendant, les populations continuent de souffrir. «Le mal a commencé par des démangeaisons. Ensuite, j'ai eu des rougeurs sur la peau et, tous les jours, vers 13 heures, j'ai des céphalées qui durent jusqu'au matin», se plaint Mme Chantal Kouadio Zahui. Mme Béatrice Assi ne va pas mieux. «Dès que je finis de manger, j'ai tout de suite des indigestions, de la diarrhée, mal à la tête. Les médicaments qu'on me donne à l'hôpital sont inutiles mais le plus grave est que depuis hier, je crache du sang», soutient-elle. Un jeune homme, à un des nombreux barrages érigés pour empêcher la circulation, révèle qu'il a eu la diarrhée et des vomissements toute la journée, sans savoir ce qu'il avait. «Ce n'est qu'après la déclaration du ministre de l'environnement qui mettait la population en garde, que j'ai compris l'origine de mes malaises». M. Joseph Aka Adouko affirme que sa fille a failli perdre la vie dans la nuit du dimanche au lundi dernier. Elle vomissait un liquide noirâtre et faisait de la fièvre. Le pédiatre a affirmé qu'il ne s'agit pas d'une crise de paludisme, mais que l'on avait affaire aux effets des produits toxiques déversés dans la décharge d'Akouédo. Par mesure de précaution, tous les enfants du quartier ont été transférés chez des parents vivant dans les autres communes.
Pour sa part, l'Etat de Côte d'Ivoire a déposé trois plaintes. Une contre le commandant de la marine qui a donné l'autorisation d'entrer sur le territoire au navire transportant les produits. La seconde, contre certains acteurs bien connus et qui sont impliqués dans le scandale, dont un Ivoirien qui a reçu un fax de l'entreprise Moreno basée à Londres qui demandait son soutien pour réaliser cette opération. La troisième plainte est portée contre l'entreprise Tomi, à Vridi canal. C'est bien beau tout cela, mais les habitants des quartiers touchés n'ont qu'un seul souhait, qu'on les débarrasse des produits qui les tuent.




Paul D. Tayoro

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