Pr. Salif N’Diaye :“Les pollueurs doivent payer”
Le Patriote No. 2079 du Lundi 4 Septembre 2006
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Mais… Ne sommes-nous pas déjà la poubelle du monde ? C’était, il y a environ quinze ans. Une conférence à Londres sur le thème : «Sauvons la planète». C’est de cette rencontre planétaire, que devait sortir la fameuse formule : «Les pollueurs doivent être les payeurs».Or, la planète est de plus en plus sale. Des efforts sont faits, dans le monde nanti, contre toutes les formes de pollution. Là-bas, le mot «Ecologie» a un sens… Dans ce monde de la consommation à outrance, qui produit de plus en plus de déchets. Le niveau technologique permet d’en recycler une partie. Que fait-on du reste, de l’immense reste, qui est loin de concerner les déchets ménagers. On y trouve pêle-mêle des résidus radioactifs, des produits médicamenteux périmés, les saletés des hôpitaux, des déchets industriels, etc.Le drame que vit la Côte d’Ivoire et surtout les riverains de la décharge d’Akouédo, après qu’un bateau russe soit venu «faire sa toilette chez nous», n’est que la partie visible de l’Iceberg… de la poubelle que constitue le continent africain, notamment celui au sud du Sahara.Mais poubelles nous sommes, avec nos pharmacies par terre et leurs cachets, pilules et sirops de toutes les firmes connues du monde ; nos produits pétroliers de seconde main ; nos cigarettes moisies ou contrefaites. La contrefaçon est dans l’alcool frelaté de marques mondialement connues ; les parfums célèbres ; les CD piratés.Nous nous accommodons des «France au revoir» ; des ordinateurs «de poubelle», pour faire modernes ; des boîtes de conserve qui datent ; de la salade, des fruits, des viandes et des poissons irradiés après leur non vente dans les marchés de banlieues du samedi, quelque par, là-bas ; des réfrigérateurs et autres appareils de climatisation «nourris» aux chlorofluorocarbones (CFC), gaz responsables de l’agression contre la couche d’ozone. De nouveaux gaz existent chez eux. Notre niveau de vie, avec les vieux «gazogènes» s’améliore n’est ce pas ! On nous balance tout, en attendant que leurs industries répondent aux normes du 21ème siècle.Enfin, nous cohabitons avec tellement de produits d’origines douteuses, qu’il faut nous convaincre, sans une politique hardie et courageuse de l’environnement, que nous sommes en plein dans la poubelle. Et nous risquons d’y rester encore longtemps.Les ordures à Abidjan et dans toutes nos villes ne sont rien par rapport aux dégâts que peuvent engendrer les déchets qui nous viennent de là-bas.Les ordures ménagères, entendons-nous bien, sont un danger permanent pour notre santé, pour la santé publique. Les autorités municipales semblent avoir, depuis longtemps, baissé les bras, sans doute parce que leurs administrés se taisent. Mais pour combien de temps ?Les populations d’Akouédo viennent de réagir. Il faut les soutenir. Ils ne veulent pas mourir de mort lente et indolore, comme cela se passe partout chez nous.C’était autour des années soixante (1960), que la destination Afrique a été choisie pour abriter les déchets des pays nantis, qui savaient la grave nuisance que leur boulimie engendrait. Eux devaient vivre et bien. Alors, ils excrétaient. Ils sont obligés d’excréter. Ils excrètent donc et abondamment…Nous avons des compatriotes émigrés qui se sont constitués en ONG, là-bas, pour «faire le plus souvent les emballages des surplus, dans le meilleur des cas ; des résidus, dans les cas courants. Ce sont des médicaments qu’on offre gracieusement aux populations. Ce sont des équipements sanitaires que tel «conté» de France offre aux populations de Bradèdon. Ce sont des vêtements d’hiver que l’on livre généreusement.Cela, tout cela est bien. Un manteau dans les rues de Gagnoa, est tout de même mieux que le petit pagne troué de tous les jours !Alors, des cérémonies de remises de dons. Les bienfaiteurs sont reçus au plus haut niveau de l’Etat. Les radios et Télévision rendent compte et épiloguent sur les actes de mansuétude de ces frères et sœurs.Or, en bien des cas, on ne fait qu’en ajouter à la poubelle. Que pouvons nous, puisque la pauvreté nous tient !C’est ici que se forgent les complicités, jusque parmi les décideurs. Sûr qu’Akouédo, avec le navire russe, nous ferons des révélations.Dans l’état de dénuement où se trouvaient nos pays aux Indépendances, certains gouvernements ont accepté que leurs eaux territoriales, leur territoire même, servent de poubelles aux déchets.C’est la Communauté internationale qui a tiré la sonnette d’alarme.Car la mer touche aussi à leurs rives… avec leurs déchets. Car nos forêts et nos écosystèmes se dérèglent et que les poumons du monde, c’est-à-dire la flore, perd annuellement des milliers de variétés et que l’oxygène du monde se raréfie. Car avec la désertification, la chauffe du climat, les changements climatiques, toute la planète consciente s’est sentie concernée. Et la couche d’ozone continue à se déchirer… par la faute des pollueurs.Des mesures ont été prises pour empêcher les navires de se «soulager» en pleine mer. Des conférences internationales ont été convoquées. Des Conventions existent que des pays, parmi les plus à l’aide, n’ont pas encore ratifiées. Mais elles existent.Qu’aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il y ait des complices de cette ignominieuse entreprise, cela nous interpelle à plus d’un titre.Et nous découvrons Akouédo et sa décharge. Hélas, Akouédo, c’est devant ma porte, c’est partout.Nous sommes certes pauvres, mais arrangeons nous à demeurer propres.
Professeur Alassane Salif N’Diaye
Le Patriote No. 2079 du Lundi 4 Septembre 2006
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Mais… Ne sommes-nous pas déjà la poubelle du monde ? C’était, il y a environ quinze ans. Une conférence à Londres sur le thème : «Sauvons la planète». C’est de cette rencontre planétaire, que devait sortir la fameuse formule : «Les pollueurs doivent être les payeurs».Or, la planète est de plus en plus sale. Des efforts sont faits, dans le monde nanti, contre toutes les formes de pollution. Là-bas, le mot «Ecologie» a un sens… Dans ce monde de la consommation à outrance, qui produit de plus en plus de déchets. Le niveau technologique permet d’en recycler une partie. Que fait-on du reste, de l’immense reste, qui est loin de concerner les déchets ménagers. On y trouve pêle-mêle des résidus radioactifs, des produits médicamenteux périmés, les saletés des hôpitaux, des déchets industriels, etc.Le drame que vit la Côte d’Ivoire et surtout les riverains de la décharge d’Akouédo, après qu’un bateau russe soit venu «faire sa toilette chez nous», n’est que la partie visible de l’Iceberg… de la poubelle que constitue le continent africain, notamment celui au sud du Sahara.Mais poubelles nous sommes, avec nos pharmacies par terre et leurs cachets, pilules et sirops de toutes les firmes connues du monde ; nos produits pétroliers de seconde main ; nos cigarettes moisies ou contrefaites. La contrefaçon est dans l’alcool frelaté de marques mondialement connues ; les parfums célèbres ; les CD piratés.Nous nous accommodons des «France au revoir» ; des ordinateurs «de poubelle», pour faire modernes ; des boîtes de conserve qui datent ; de la salade, des fruits, des viandes et des poissons irradiés après leur non vente dans les marchés de banlieues du samedi, quelque par, là-bas ; des réfrigérateurs et autres appareils de climatisation «nourris» aux chlorofluorocarbones (CFC), gaz responsables de l’agression contre la couche d’ozone. De nouveaux gaz existent chez eux. Notre niveau de vie, avec les vieux «gazogènes» s’améliore n’est ce pas ! On nous balance tout, en attendant que leurs industries répondent aux normes du 21ème siècle.Enfin, nous cohabitons avec tellement de produits d’origines douteuses, qu’il faut nous convaincre, sans une politique hardie et courageuse de l’environnement, que nous sommes en plein dans la poubelle. Et nous risquons d’y rester encore longtemps.Les ordures à Abidjan et dans toutes nos villes ne sont rien par rapport aux dégâts que peuvent engendrer les déchets qui nous viennent de là-bas.Les ordures ménagères, entendons-nous bien, sont un danger permanent pour notre santé, pour la santé publique. Les autorités municipales semblent avoir, depuis longtemps, baissé les bras, sans doute parce que leurs administrés se taisent. Mais pour combien de temps ?Les populations d’Akouédo viennent de réagir. Il faut les soutenir. Ils ne veulent pas mourir de mort lente et indolore, comme cela se passe partout chez nous.C’était autour des années soixante (1960), que la destination Afrique a été choisie pour abriter les déchets des pays nantis, qui savaient la grave nuisance que leur boulimie engendrait. Eux devaient vivre et bien. Alors, ils excrétaient. Ils sont obligés d’excréter. Ils excrètent donc et abondamment…Nous avons des compatriotes émigrés qui se sont constitués en ONG, là-bas, pour «faire le plus souvent les emballages des surplus, dans le meilleur des cas ; des résidus, dans les cas courants. Ce sont des médicaments qu’on offre gracieusement aux populations. Ce sont des équipements sanitaires que tel «conté» de France offre aux populations de Bradèdon. Ce sont des vêtements d’hiver que l’on livre généreusement.Cela, tout cela est bien. Un manteau dans les rues de Gagnoa, est tout de même mieux que le petit pagne troué de tous les jours !Alors, des cérémonies de remises de dons. Les bienfaiteurs sont reçus au plus haut niveau de l’Etat. Les radios et Télévision rendent compte et épiloguent sur les actes de mansuétude de ces frères et sœurs.Or, en bien des cas, on ne fait qu’en ajouter à la poubelle. Que pouvons nous, puisque la pauvreté nous tient !C’est ici que se forgent les complicités, jusque parmi les décideurs. Sûr qu’Akouédo, avec le navire russe, nous ferons des révélations.Dans l’état de dénuement où se trouvaient nos pays aux Indépendances, certains gouvernements ont accepté que leurs eaux territoriales, leur territoire même, servent de poubelles aux déchets.C’est la Communauté internationale qui a tiré la sonnette d’alarme.Car la mer touche aussi à leurs rives… avec leurs déchets. Car nos forêts et nos écosystèmes se dérèglent et que les poumons du monde, c’est-à-dire la flore, perd annuellement des milliers de variétés et que l’oxygène du monde se raréfie. Car avec la désertification, la chauffe du climat, les changements climatiques, toute la planète consciente s’est sentie concernée. Et la couche d’ozone continue à se déchirer… par la faute des pollueurs.Des mesures ont été prises pour empêcher les navires de se «soulager» en pleine mer. Des conférences internationales ont été convoquées. Des Conventions existent que des pays, parmi les plus à l’aide, n’ont pas encore ratifiées. Mais elles existent.Qu’aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, il y ait des complices de cette ignominieuse entreprise, cela nous interpelle à plus d’un titre.Et nous découvrons Akouédo et sa décharge. Hélas, Akouédo, c’est devant ma porte, c’est partout.Nous sommes certes pauvres, mais arrangeons nous à demeurer propres.
Professeur Alassane Salif N’Diaye
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