Déchets toxiques déversés à Abidjan: Des centaines de victimes enregistrées dans les hôpitaux
Notre voie
Issue No.: 2481
du
Mercredi 6 Septembre 2006
Mlle Zokou Estelle, une jeune fille accompagnée d'un jeune homme, est en pleurs dans l'ascenseur du CHU de Cocody la menant au 12ème étage, au service de pneumologie. Elle respire difficilement. Dès qu’il l’a vue, le médecin traitant décide de la faire hospitaliser. Et c'est gratuit, tant que les médicaments nécessitant le traitement sont compris dans la liste des médicaments offerts par l'Etat. Comme cette jeune fille, ils sont plus de 1500 à affluer vers les établissements sanitaires que sont les CHU de Cocody et Treichville et dans d'autres structures sanitaires de quartier. Malheureusement, selon le ministre de la Santé, qui était hier au CHU de Cocody, il y a eu deux morts. Au CHU de Cocody, une bâche a été dressée à l'entrée des urgences où un bureau a été ouvert pour l'accueil des victimes des déchets toxiques. Les victimes se font d'abord recenser à l'entrée et après sont interrogées par trois médecins qui attendent dans le bureau. Une fois le diagnostic posé, les patients, selon les cas, sont référés soit au service ORL au 7ème étage, soit au service PPH au 12ème étage. Avant de se rendre dans l'un de ces services, les malades, pour les cas qui le nécessitent, font un tour au service de radiologie du CHU pour faire une radiographie des poumons. Toutes ces étapes sont gratuites. Mais, l'autre réalité, c’est que certains malades affirment qu'ils ont dû débourser de l'argent pour pouvoir se prendre en charge. “Je suis là avec mon bébé et ma femme. J'habite la Riviéra et j'ai déboursé déjà 50. 000f cfa dans l'achat des médicaments”, affirme M. Koré Bauza Charles. Une autre jeune fille en colère avec son bébé s'est plaint au ministre Allah Kouadio de la Santé de ce que son bébé souffre d'une infection bactérienne du fait de l'inhalation des déchets toxiques et que, depuis le samedi dernier lorsqu’elle est arrivée au CHU, elle paie sa chambre d'hospitalisation. “Ça me fait aujourd'hui (hier) 75.000fcfa depuis les consultations que j'ai faites dans le dispensaire de mon quartier jusqu'à mon arrivée au CHU ”, a-t-elle soutenu. Une prise en charge limitéeEn fait, selon des médecins qui ont requis l'anonymat, le CHU de Cocody n’a reçu que pour un peu plus d'un million CFA de médicaments pour la prise en charge des victimes. Seule la radiographie, les examens biologiques, la consultation et les médicaments délivrés par l'Etat sont gratuits. En clair, si le cas du patient exige un médicament qui n'est pas compris dans le lot de médicaments donnés par l'Etat, les médecins prescrivent au patient une ordonnance. Plusieurs patients qui ont reçu des ordonnances de 10 mille, voire de 15 mille, ont crié leur colère au passage du ministre de la Santé. Pour eux, la prise en charge promise par l'Etat, n'est qu'un leurre. Le ministre de la Santé, dans une adresse à la presse, a confirmé le constat d'une prise en charge limitée. “Quand les patients arrivent, on les prend trois par trois parce qu'il y a trois médecins pour les examiner. Si le cas nécessite une hospitalisation, par rapport aux symptômes qui sont constatés, on les envoie soit en ORL, soit en pneumologie, soit en médecine. Si, ce n'est pas nécessaire, alors on leur fait un premier traitement gratuitement, dans la mesure des médicaments disponibles. Pour le reste qui va se faire en ambulatoire à la maison, on leur fait une ordonnance parce que c'est une situation qui nous surprend. Aujourd'hui, si nous voulons accueillir tous les Abidjanais qui viennent à nous, nous ne pouvons pas leur donner suffisamment de médicaments. Donc, ce sont les premiers soins qui sont gratuits dans la limite de nos stocks”, a expliqué le ministre. Mais, il a rassuré la population que le gouvernement est en train de s'organiser pour que la prise en charge soit totale. Face à la pénurie probable de films pour la radiographie du fait de cette crise, il a annoncé que le gouvernement fera des commandes rapidement. Un comité interministériel et scientifique a été mis en place, selon Allah Kouadio. Lundi dernier, le gouvernement, a révélé le ministre, a rencontré les partenaires au développement pour demander une assistance technique. Car, a-t-il affirmé, la Côte d'Ivoire n'a pas les moyens de neutraliser les éléments toxiques qui composent ces déchets. “Nous ne sommes pas outillés pour neutraliser ces produits et c'est pour cela que nous avons fait appel à la communauté internationale pour nous aider non seulement à neutraliser les déchets toxiques mais aussi à prendre en charge la population parce qu'il nous faut doser dans le sang les métabolismes de ces produits chez les personnes intoxiquées”, argumente Allah Kouadio. Les éléments toxiques ont été analysés par la SIR et le CIAPOL. “C'est en fonction des composants toxiques qui ont été mis en évidence que nos services de toxicologie ont prévu les maladies et les symptômes qui allaient surgir. Et c'est en fonction de ces données que nous avons prévu les médicaments”, a encore soutenu le ministre. Mais pour plusieurs médecins, la prise en charge offerte par l'Etat est complète parce que ça ne sert à rien de soigner et de laisser les malades retourner dans le lieu où ils se sont fait intoxiquer. “Nous voulons savoir ce que nous soignons. Ça ne sert à rien qu'on arrête les diarrhées, les vomissements, les irruptions cutanées, les inflammations des voies ORL... pour ensuite laisser les malades retourner dans le foyer de leur intoxication”, affirment-ils sous le couvert de l'anonymat.
Coulibaly Zié Oumar
Issue No.: 2481
du
Mercredi 6 Septembre 2006
Mlle Zokou Estelle, une jeune fille accompagnée d'un jeune homme, est en pleurs dans l'ascenseur du CHU de Cocody la menant au 12ème étage, au service de pneumologie. Elle respire difficilement. Dès qu’il l’a vue, le médecin traitant décide de la faire hospitaliser. Et c'est gratuit, tant que les médicaments nécessitant le traitement sont compris dans la liste des médicaments offerts par l'Etat. Comme cette jeune fille, ils sont plus de 1500 à affluer vers les établissements sanitaires que sont les CHU de Cocody et Treichville et dans d'autres structures sanitaires de quartier. Malheureusement, selon le ministre de la Santé, qui était hier au CHU de Cocody, il y a eu deux morts. Au CHU de Cocody, une bâche a été dressée à l'entrée des urgences où un bureau a été ouvert pour l'accueil des victimes des déchets toxiques. Les victimes se font d'abord recenser à l'entrée et après sont interrogées par trois médecins qui attendent dans le bureau. Une fois le diagnostic posé, les patients, selon les cas, sont référés soit au service ORL au 7ème étage, soit au service PPH au 12ème étage. Avant de se rendre dans l'un de ces services, les malades, pour les cas qui le nécessitent, font un tour au service de radiologie du CHU pour faire une radiographie des poumons. Toutes ces étapes sont gratuites. Mais, l'autre réalité, c’est que certains malades affirment qu'ils ont dû débourser de l'argent pour pouvoir se prendre en charge. “Je suis là avec mon bébé et ma femme. J'habite la Riviéra et j'ai déboursé déjà 50. 000f cfa dans l'achat des médicaments”, affirme M. Koré Bauza Charles. Une autre jeune fille en colère avec son bébé s'est plaint au ministre Allah Kouadio de la Santé de ce que son bébé souffre d'une infection bactérienne du fait de l'inhalation des déchets toxiques et que, depuis le samedi dernier lorsqu’elle est arrivée au CHU, elle paie sa chambre d'hospitalisation. “Ça me fait aujourd'hui (hier) 75.000fcfa depuis les consultations que j'ai faites dans le dispensaire de mon quartier jusqu'à mon arrivée au CHU ”, a-t-elle soutenu. Une prise en charge limitéeEn fait, selon des médecins qui ont requis l'anonymat, le CHU de Cocody n’a reçu que pour un peu plus d'un million CFA de médicaments pour la prise en charge des victimes. Seule la radiographie, les examens biologiques, la consultation et les médicaments délivrés par l'Etat sont gratuits. En clair, si le cas du patient exige un médicament qui n'est pas compris dans le lot de médicaments donnés par l'Etat, les médecins prescrivent au patient une ordonnance. Plusieurs patients qui ont reçu des ordonnances de 10 mille, voire de 15 mille, ont crié leur colère au passage du ministre de la Santé. Pour eux, la prise en charge promise par l'Etat, n'est qu'un leurre. Le ministre de la Santé, dans une adresse à la presse, a confirmé le constat d'une prise en charge limitée. “Quand les patients arrivent, on les prend trois par trois parce qu'il y a trois médecins pour les examiner. Si le cas nécessite une hospitalisation, par rapport aux symptômes qui sont constatés, on les envoie soit en ORL, soit en pneumologie, soit en médecine. Si, ce n'est pas nécessaire, alors on leur fait un premier traitement gratuitement, dans la mesure des médicaments disponibles. Pour le reste qui va se faire en ambulatoire à la maison, on leur fait une ordonnance parce que c'est une situation qui nous surprend. Aujourd'hui, si nous voulons accueillir tous les Abidjanais qui viennent à nous, nous ne pouvons pas leur donner suffisamment de médicaments. Donc, ce sont les premiers soins qui sont gratuits dans la limite de nos stocks”, a expliqué le ministre. Mais, il a rassuré la population que le gouvernement est en train de s'organiser pour que la prise en charge soit totale. Face à la pénurie probable de films pour la radiographie du fait de cette crise, il a annoncé que le gouvernement fera des commandes rapidement. Un comité interministériel et scientifique a été mis en place, selon Allah Kouadio. Lundi dernier, le gouvernement, a révélé le ministre, a rencontré les partenaires au développement pour demander une assistance technique. Car, a-t-il affirmé, la Côte d'Ivoire n'a pas les moyens de neutraliser les éléments toxiques qui composent ces déchets. “Nous ne sommes pas outillés pour neutraliser ces produits et c'est pour cela que nous avons fait appel à la communauté internationale pour nous aider non seulement à neutraliser les déchets toxiques mais aussi à prendre en charge la population parce qu'il nous faut doser dans le sang les métabolismes de ces produits chez les personnes intoxiquées”, argumente Allah Kouadio. Les éléments toxiques ont été analysés par la SIR et le CIAPOL. “C'est en fonction des composants toxiques qui ont été mis en évidence que nos services de toxicologie ont prévu les maladies et les symptômes qui allaient surgir. Et c'est en fonction de ces données que nous avons prévu les médicaments”, a encore soutenu le ministre. Mais pour plusieurs médecins, la prise en charge offerte par l'Etat est complète parce que ça ne sert à rien de soigner et de laisser les malades retourner dans le lieu où ils se sont fait intoxiquer. “Nous voulons savoir ce que nous soignons. Ça ne sert à rien qu'on arrête les diarrhées, les vomissements, les irruptions cutanées, les inflammations des voies ORL... pour ensuite laisser les malades retourner dans le foyer de leur intoxication”, affirment-ils sous le couvert de l'anonymat.
Coulibaly Zié Oumar
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