Les abidjanais crient leur calvaire
PANEL:dépôt de déchets toxiques
Le Patriote No. 2080 du Mardi 5 Septembre 2006
Les déchets toxiques déversés sur certains sites du district d’Abidjan continuent de faire des victimes au sein de la population. Dans ce panel, les premiers concernés nous racontent les tortures qu’ils en durent.
1 - Touvoly Tra Bi Raymond (transitaire au guichet unique)
«J’ai des saignements au niveau des narines»
« Depuis un certain temps, on a été intoxiqué. Et on nous apprend qu’il y a un navire qui est venu déversé des déchets toxiques sur les sites de Vridi canal et à Akouédo. Et on a été intoxiqué. Moi, personnellement, je saigne des narines. On nous a fait croire qu’on pouvait aller se faire soigner dans les hôpitaux et que l’Etat allait nous prendre en charge. Nous nous sommes rendus là-bas. Après l’examen effectué par le médecin, on nous donne des ordonnances que nous prenons nous mêmes en charge. On va à la pharmacie de l’hôpital et on nous fait payer les médicaments. Et jusqu’à présent, nous sommes dans la même situation. Ce matin (ndrl hier matin) nous sommes venus pour travailler. Mais vous-même vous constatez que l’odeur est toujours là. Des fois, les ventres sont ballonnés, les narines sont bouchées, on a des difficultés pour respirer… Nous allons encore retourner à la maison. Cela ne nous arrange pas, nous les transitaires, car nous ne sommes pas salariés. Que l’Etat prenne ses responsabilités. Nous les Ivoiriens, on se demande comment un bateau peut rentrer au port et repartir sans être identifié. J’accuse le ministre du transport et le DG du Port.
2 - Adama Koné (Chargé de communication au guichet unique)
«Le préjudiceéconomique est énorme pour nous»
«Face aux certificats d’arrêts de travail délivré par le médecin à nos travailleurs, nous avions été obligés d’arrêter le travail. Cela constitue une importante perte financière pour nous. Nous avons enregistré des cas de maladies graves. On nous demande de nous tenir loin des sites. Mais que fait le gouvernement pour trouver une solution au problème. L’odeur est là et les gens ont peur. Le produit est très dangereux. Les médecins n’arrivent même pas à interpréter la radio. Alors je me demande quelle action le gouvernement entreprend pour éviter à la Côte d’Ivoire des cas de décès ?
3 - Mme N’Guessan Evelyne : (Responsable Côte d’Ivoire Logistique au guichet unique)
«On nous fait payer les médicaments»«Depuis lundi, on a constaté qu’il y avait des problèmes d’air au guichet unique. L’air était pollué. Moi personnellement je suffoquais. J’ai ressenti des picotements au niveau de la langue et des palpitations au niveau de la poitrine. On pensait que c’était passager, mais cela a persisté. Et d’autres collègues ont commencé à avoir les mêmes malaises et puis suite à nos plaintes, nos responsables nous ont demandé d’aller faire des visites médicales. Le médecin nous a donné des certificats de travail allant de cinq (5) jours à une semaine. Et puis, nous sommes revenus. Mais, on a constaté que rien n’a été fait. L’odeur persiste. Alors qu’il a été prouvé que ce sont des déchets très toxiques. On ne sait pas s’il faut fermer le guichet ou le transférer. Tout ça nous cause des désagréments, surtout à la veille de la rentrée scolaire. On a été doublement malheureux de constater que nous devons payer nous-mêmes les médicaments. Alors que c’est une situation qui s’est imposée à nous. Chacun doit faire son travail.
4 - Adja Agnès (Vendeuses de nourritureprès du canal de Vridi)
«Ils veulent nous tuer tous» «A cause du produit déversé dans le canal, les clients ne viennent plus. Ceux des entreprises ne viennent pas. Ni même les passants. Les gens disent que le coin sent. On prépare la nourriture, personne ne paie. On ne sait pas ce qu’on va faire. J’ai huit (08) enfants à la maison. C’est ce que je vends pour les nourrir. Mais, regarde (elle nous montre la nourriture préparée), personne ne vient manger. Avant je préparais 15 kilos. Aujourd’hui, je prépare 3 kilos. Mais, malgré ça, il y a toujours du restant. Ils veulent nous tuer tous. Mais, nous n’allons pas mourrir à la maison. Nous sommes près du canal, on sait qu’on va tomber malade. Depuis que nous sommes à Abidjan, on n’a jamais vu ça. Il faut que le gouvernement trouve une solution à cela. Ou bien s’ils peuvent nous nourrir tous, qu’ils nous disent.
5 - Gnepa Roger (Virgile, gardien du canal) «On travail sans protection»
« Le produit nous a donné des maux de tête, de poitrine, de gorge. On a aussi eu des vomissements et des démangeaisons. Je dois même me rendre à l’hôpital demain ( ndrl aujourd’hui). Je demande que les lieux infectés soient désinfectés. Qu’on soigne la population et qu’on arrête les responsables. Depuis les premiers jours du déversement des produits jusqu’aujourd’hui, on travaille au canal sans protection, ce qui est très dangereux pour nous. L’hygiène publique est passée ici et nous avait promis des boites de lait, mais ils ne sont pas revenus.
6 - Mamadou Doumbia. (Ferrailleur à Abobo) : «On ne sait pas quoi faire»
«Un lundi matin, nous avons constaté que du produit toxique a été déversé à côté de notre lieu de travail. Il y a eu des gens qui ont eu des maux de ventre, de la diarrhée pendant deux jours. D’autres ont toujours des problèmes de ventre, de poitrine. On demande au gouvernement de nous aider. Les gens qui vont dans les CHU n’arrivent pas à se faire soigner. Et nous autres ? Avec la pluie l’odeur a diminué. Mais, on a toujours des problèmes.
7 - Diakité Ousmane : (lavage d’autos à Abobo) «J’ai bu du bonnet rouge»
«Je suis tombé malade pendant deux jours. Après avoir respiré ce produit, mon ventre a coulé. Comme on nous a conseillé du bonnet rouge, j’en ai acheté pour boire. Et Dieu merci, ça va. Je ne suis pas allé à l’hôpital”.
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