Sunday, September 03, 2006

Environnement : Déchets déverses à Akouédo, Abobo et Vridi


La grande intoxication

Le Patriote No. 2079 du Lundi 4
Septembre 2006

Les Ivoiriens ignorent toujours les vrais responsables de la décharge de produits toxiques, à Abidjan, qui continuent d’intoxiquer les populations.
-->
Depuis la nuit du dimanche 20 août 2006, le vieux Koné Soumaïla la soixantaine environ, ses deux épouses et ses trois enfants dorment difficilement. Car confrontés chaque jour à une odeur suffocante de gaz. Cette odeur qui se ferait plus persistante les nuits n’est autre que celle du gaz des déchets toxiques déversés par des camions citernes dans le lac artificiel d’Abobo Plateau Dokui à proximité duquel loge le vieux Koné Soumaïla et sa petite famille. «… Nous ne savons pas ce qui est à l’origine de cette odeur, mais nous respirons difficilement ici depuis plus de trois dimanches maintenant», dénonce-t-il avant de poursuivre. «Au début, j’accusais mes enfants qui utilisent souvent des insecticides contre des moustiques. Mais après plusieurs jours, je me suis ravisé et j’ai compris que l’odeur provenait d’ailleurs et d’autres choses».Sur la berge du lac artificiel, le décor est plus dramatique. Là, impossible de tenir plus d’une minute sans se boucher le nez à cause de la forte odeur.Aussi, remarque-t-on, un peu partout, les cadavres d’oiseaux et d’un chien qui ont sûrement eu un contact avec le liquide toxique. «…Mon chien s’appelait «Patience», mes enfants l’ont entraîné dans leur promenade et ils m’ont rapporté qu’il est tombé seulement cinq minutes après avoir bu l’eau de la rivière sans doute contaminée par le produit », révèle M. Sanogo Ibrahim, un autre riverain de la zone.Sur l’autoroute qui relie Abobo et Adjamé, l’atmosphère est plus invivable. Juste à l’arrière de la société «Coquivoire» où le contenu des citernes a été déversé, impossible pour les mécaniciens et autres commerçants d’exercer à proximité de l’espace contaminé. “… Nous sommes obligés de quitter notre garage pour recevoir les clients de l’autre côté de la route tellement l’odeur est forte”, avoue Traoré Ismaël chef de garage.Ce dernier raconte que deux camions sont arrivés le dimanche 20 août 2006 dans la zone à 18 heures au moment où pratiquement tous les travailleurs avaient rejoint le domicile. Sans aucune difficulté, poursuit-il, ils ont déversés leur contenu dans le ravin d’à côté. «… Mais quand l’odeur a commencé à sentir, un véhicule du CeCOS de passage les a interpellés avant de les relâcher après un coup de fil anonyme» révèle-t-il. A Akouédo comme à Vridi, les populations et travailleurs dans un rayon d’un kilomètre des sites pollués ne supportent plus l’odeur. Les employés du guichet unique et de plusieurs autres entreprises de vridi dans la zone du port ont dû arrêter le service quelques jours avant de le reprendre après. Car l’inspiration ou l’absorption du gaz par plusieurs personnes a produit des effets néfastes sur la santé de celles-ci.Saignement du nez, éruptions cutanées, maux de gorge…, les conséquences sanitairesA ce jour, le bilan non encore officiel des CHU de Cocody, Yopougon et Treichville de personnes se plaignant de malaises causés par les produits toxiques du navire russe, battant pavillon panaméen, est très lourd.Au moins 500 personnes souffrent réellement de saignements de nez, d’éruptions cutanées, de maux de gorge, de desséchements et de palpitation de cœur. «… Il y a possibilité de voir des personnes se plaindre des mêmes maux dans dix ou quinze ans plus tard tant les produits contenus dans les déchets toxiques sont dangereux», s’inquiète une source médicale. En effet, dans un courrier confidentiel adressé au gouvernement, les analystes de la SIR (Société ivoirienne de Raffinage) et du centre ivoirien anti pollution (CIAPOL) les produits déversés à Abidjan contiennent de l’hydrogène sulfuré et des produits cancérigènes dont le moindre contact avec tout le corps peut être fatal tôt ou tard.Pour l’instant, le gouvernement à la recherche des vrais responsables de cet acte, ne parle pas de dédommagement encore moins d’une campagne générale de désintoxication. En attendant, les populations d’Akouédo après une manifestation de rue le vendredi 1er septembre dernier ont décidé de fermer les portes de la décharge le temps qu’une solution soit trouvée à cette crise sanitaire et écologique.
Coulibaly Moussa

0 Comments:

Post a Comment

<< Home