Wednesday, September 06, 2006

Le gouvernement tombe sur l`affaire des déchets

AFP - 9/6/2006 5:44:16 PM

ABIDJAN - Le gouvernement ivoirien a démissionné mercredi soir. Ce retrait fait suite au déversement de substances chimiques toxiques dans les parages d'Abidjan, qui a fait trois morts et rendu malades quelque 1.500 personnes.Lors d'une réunion extraordinaire dans la capitale politique Yamoussoukro, Le Premier ministre par intérim, Charles Konan Banny, a présenté la démission de son gouvernement au président Laurent Gbagbo, qui l'a acceptée. "La situation est très grave. C'est pour cela que je remets entre vos mains la démission du gouvernement", a dit M.Banny."J'accepte la démission de votre gouvernement mais je vous demande de gérer les affaires courantes et je vous donne rendez-vous demain au palais présidentiel pour former un nouveau gouvernement," a déclaré M.Gbagbo à son Premier ministre, lors d'une rencontre à laquelle un correspondant de Reuters a assisté."A quelque niveau que ce soit(...), que celui qui est coupable soit débusqué et sanctionné. Il faut savoir quelle est la nature du mal. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Nous ne pouvons pas croiser les bras", a ajouté le chef de l'Etat.Le procureur de la République, Raymond Tchimou, a annoncé que trois personnes associées à l'entreprise responsable du déchargement du navire avaient été arrêtées. "Tous ceux qui ont eu connaissance de ce problème et qui ont laissé faire seront aussi poursuivis", a-t-il assuré.Les déchets toxiques, qui contenaient du sulfure d'hydrogène, ont été déversés par un bateau battant pavillon panaméen le 19 août dernier dans le port d'Abidjan, puis transférés dans au moins huit endroits de la ville.Des médecins ont fait état de centaines d'intoxications, caractérisées par des nausées, des troubles digestifs et des douleurs pulmonaires.Dans la journée de mercredi, des groupes de jeunes gens en colère ont bloqué plusieurs rues d'Abidjan pour dénoncer le déversement de ces déchets toxiques. Le gouvernement a demandé aux manifestants de laisser passer le personnel médical et la police est intervenue par la suite par des tirs de gaz lacrymogènes pour tenter de les disperser.L'absence d'informations sur ces intoxications - un quotidien ivoirien a titré sur le "Tchernobyl ivoirien" - explique le mouvement de colère de groupes de jeunes gens qui ont bloqué les accès à certains hôpitaux."Nous ne savons pas ce que nous devons soigner (...) Nous devons savoir de quoi il s'agit pour être en mesure de donner des traitements appropriés", a déclaré un médecin. Le gouvernement a fait appel à une aide internationale pour analyser cette substance et mettre en place un programme de décontamination.Mercredi soir, la France a annoncé qu'elle apporterait une aide d'urgence pour lutter contre cette pollution environnementale et sanitaire, qu'elle a qualifiée de "catastrophe majeure".

MISE AU POINT DU PORT AUTONOME D’ABIDJAN RELATIVE AUX DECHETS TOXIQUES DEVERSES A ABIDJAN



Dans l’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan, le Port Autonome d’Abidjan a été, à plusieurs reprises directement ou indirectement, cité. Aussi, l’Autorité portuaire estime t-elle nécessaire de donner les éclairages sur les points suivants :

- La délivrance des agréments pour l’exercice de l’activité de récupération des déchets à bord des navires en escale au port d’Abidjan ;
- La différence entre marchandises dangereuses et déchets toxiques ;- Les cas d’interdiction à un navire de quitter un port ;
- Le cas du Navire PROBO KOALA battant pavillon panaméen.

I. Délivrance des agréments pour l’exercice de l’activité de récupération des déchets à bord des navires en escale au port d’Abidjan

L’enlèvement des déchets à bord des navires est une activité exercée dans tous les ports du monde.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, l’exercice de cette activité est régi par deux textes à savoir la convention Marpol de 1973 et son protocole de 1978 ;
et la loi n°96-766 du 30 octobre 1996 portant Code de l’Environnement.
Conformément à la Convention Marpol 73/78, il est recommandé au Gouvernement contractant de disposer d’une installation de réception de déchets liquides provenant de l’exploitation des navires (station de déballastage). Mais en raison du coût élevé de cet investissement, la plupart des pays et surtout les pays en voie de développement n’en disposent pas.

La pratique en Côte d’Ivoire est telle que l’activité d’enlèvement des déchets à bord des navires est exercée par des sociétés privées agréées après examen par une commission d’agrément présidée soit par le Ministre de l’Environnement ou soit par le Ministre des Transports.

Pour les déchets solides, vingt deux (22) sociétés ont été agréées. Mais pour ce qui est de la récupération des déchets liquides, qui est beaucoup plus délicate, seule la société Industriel de Technologie et d’Energie (ITE) avait à notre connaissance le monopole jusqu’à ce qu’une société dénommée COMPAGNIE TOMMY fasse parvenir le 03 août 2006 une lettre de demande d’exercer dans l’enceinte portuaire avec à l’appui l’arrêté n° 169 /MT/DGAMP/DTMFL du 12 juillet 2006 du Ministre des Transports, portant son agrément en qualité d’avitailleur spécialisé en matière de vidange de navires.

Les conditions requises pour l’obtention de l’agrément ministériel sont les suivantes : • Le statut et règlement intérieur de la société ;
• Le registre de Commerce ;
• Le n° du compte contribuable ;
• L’attestation fiscale ;
• Les références bancaires ;
• La situation géographique, l’adresse et le téléphone de l’entreprise ;
• Une (1) photo d’identité du responsable de la société ;
• La photocopie des cartes nationales d’identité du responsable et de deux (2) de ses collaborateurs ;
• Les casiers judiciaires de moins de trois (3) mois du responsable et de deux de ses collaborateurs ;
• La demande d’agrément sur papier entête de la société, adressée au Ministre des Transports ;
• La liste du matériel affecté à l’activité ;
• La description détaillée du ou des procédés de conditionnement et d’évacuation des déchets ;

A toutes fins utiles, la délivrance de l’agrément est subordonnée au paiement par le demandeur de la somme de 2 000 000 de francs cfa au Ministère des Transports.
Au regard de cet arrêté dûment signé par le Ministre des Transport, l’Autorité portuaire a délivré à la société TOMMY son titre d’accès en zone sous douane.

II. Différence entre marchandises dangereuses et déchets toxiques

Les marchandises dangereuses sont avant tout des marchandises c’est-à-dire des biens économiques avec une valeur marchande et une utilité. Seulement, leur composition commande qu’elles soient manutentionnées, transportées et stockées avec beaucoup de précaution (par exemple les produits inflammables y compris le coton et les explosifs sont classés parmi les marchandises dangereuses). Le port d’Abidjan qui applique les normes internationales en matière de sécurité maritime, dispose d’un parc à marchandises dangereuses où ces catégories de marchandises (regroupées en 9 classes) sont reçues sous escorte douanière, si elles ne sont pas directement livrées à leurs destinataires. Par contre, les déchets toxiques sont, selon le Code de l’environnement, « des produits solides, liquides ou gazeux qui présentent une menace sérieuse ou des risques particuliers, pour la santé, la sécurité des être vivants et la qualité de l’environnement » (article 1er). Le déchet en tant que tel n’a pas de valeur marchande à moins qu’il ait été recyclé.
Les déchets ne sont jamais stockés à l’intérieur du port. Ils sont plutôt évacués sous escorte douanière pour être traités dans des lieux appropriés.

III. Cas d’interdiction à un navire de quitter un port

Un navire peut être interdit de quitter un port principalement dans deux cas : la saisie conservatoire et la détention par les Autorités de l’Etat du port.

La saisie conservatoire est une décision prise par voie de justice intimant l’ordre à un navire débiteur (qui doit de l’argent à un tiers) de n’appareiller qu’après avoir payé sa dette. La saisie conservatoire peut être suivie d’une saisie exécution qui ordonne la vente du navire si le créancier n’a pas été satisfait ou si un compromis n’a pas été trouvé.La détention est le cas où le Gouvernement contractant de l’Etat du port (Ministère des Transports, Ministère de l’Environnement) interdit l’appareillage d’un navire pour des raisons de sécurité. Aucun de ces deux cas de figure ne s’est présenté dans la situation du navire Probo Koala.

Le Port Autonome d’Abidjan n’a reçu des Autorités (Ministères concernés) aucun texte d’interdiction d’appareiller.

Il est important de noter que conformément aux dispositions de la Convention pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (Convention SOLAS), retarder indûment le départ d’un navire nécessite réparation de la part de l’auteur d’un tel acte pour les pertes et dommages subis (article 7). En tout état de cause, tout navire mis en cause après son appareillage peut être aisément saisi dans tous les ports où il pourrait escaler à la demande de l’Autorité IV. Cas spécifique du Navire PROBO KOALA battant pavillon panaméenLe Probo Koala est un navire spécialisé dans le transbordement en haute mer de vrac liquide.

A la conférence de la capitainerie du port, le consignataire WAIBS a annoncé l’arrivée de ce navire ayant des slops (déchets issus du nettoyage des cales) à bord. La Compagnie TOMMY, agréée par arrêté du Ministre des Transports en tant que société spécialisée dans les vidanges a été commise par le consignataire pour effectuer les opérations de récupération de ces déchets.

Avant l’arrivée du navire, la Compagnie TOMMY a présenté les documents suivants au Commandant du port:
- L’agrément du Ministre des Transports;
- Une quittance de la redevance des droits d’usages des installations portuaires ;
- Une attestation en vue de la réception du produit par la décharge d’Akouédo ;
- Un accord d’escorte douanière.

Toute chose qui démontre que la société TOMMY a fourni les pièces requises à l’exercice de cette activité.

Abidjan est scandalisée.


Mercredi 6 Septembre 2006

Abidjan a la rage au ventre.


Abidjan est traumatisée. Toute la ville ne parle que de «ça». L’inacceptable. L’insupportable. L’impardonnable. La dissémination de déchets toxiques liquides dans plusieurs communes de notre belle cité. Une grande clameur, un «tous pareils !» désenchanté s’élève dans le ciel. La classe politique ivoirienne se relèvera-t-elle de ce naufrage moral ? Dans les salons de coiffure, dans la rue, dans les bureaux, l’exaspération ne peut plus se cacher. «On les a laissés nous voler, ils veulent maintenant nous tuer», crie-t-on. «Ils ont fait exprès !», accuse-t-on. «Et puis, ils vont parader dans leurs limousines payées avec leur argent sale !», s’exclame-t-on.«Ils». Les hommes qui nous dirigent. Les ministres et directeurs généraux concernés, bien sûr, dont le long silence équivaut à un aveu pour les couches populaires. Le gouvernement «de crabes, de scorpions, de serpents» de Charles Konan Banny. Mais aussi le «tandem», conspué par quelques poseurs de barricades – dont certains étaient sortis en novembre 2004 pour s’offrir comme bouclier humain au président Laurent Gbagbo faisant face à la folie de Jacques Chirac, le colon. Est-ce qu’«ils» entendent le cri d’Abidjan ? Le président Laurent Gbagbo et son Premier ministre – pris dans la spirale des discussions à n’en plus finir et des négociations centrées sur les seuls appétits nombrilistes du cercle des pouvoirs – entendront-ils la révolte d’Abidjan ?A la Riviera Palmeraie, une dame pleure. Son fils de 8 ans, saisi de vomissements et de saignements du nez, a rendu l’âme. Qui la consolera ? «On entend des cris à Rama, Des lamentations, des larmes amères ; Rachel pleure ses enfants ; Elle refuse d'être consolée sur ses enfants, Car ils ne sont plus». (Jérémie 31).

(Théophile Kouamouo (kouamouo@yahoo.com))

L’ex-DG des Affaires maritimes accuse Anaky et Gossio




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Interview : Le Colonel Tibet Bi Ballou Jean Christophe, ex-Directeur Général des Affaires maritimes et portuaires, dénonce la légèreté et la complicité active de MM. Anaky Kobena et de Marcel Gossio. Entretien.



Pouvez-vous nous expliquer la procédure classique d’enlèvement des eaux usées?

Je voudrais intervenir à deux niveaux. Mais avant cela, je voudrais indiquer que nous sommes en train de vivre un scandale sans précédent. Je voudrais l’assimiler à une organisation criminelle. Un crime organisé pour des profits mercantiles à l’avantage de quelques individus véreux. Il faut dire que l’opération d’enlèvement des eaux usagées qu’on appelle les slops est une opération classique. Ce sont des opérations régulières dès l’instant où les eaux de ballasts s’usent, les huiles dans les moteurs deviennent pâteuses à l’intérieur d’un navire qui navigue pendant plus de cinq mois dans les eaux maritimes à un moment donné de son parcours. Il faut donc les remplacer par une opération de récupération de ces eaux mélangées à des huiles et qui sont non toxiques. Les navires dans un port donné essaient de se débarrasser de ces déchets avant de poursuivre leur course conformément à la convention internationale MARPOL. Jusque-là ce sont des opérations classiques qui se font dans tous les ports. A coté de cela, il y a les déchets toxiques qui sont récupérés dans les ports à certaines conditions. Il faut que ces ports disposent de centres de déballastage, ce que la Côte d’Ivoire ne possède pas. Je ne pense pas qu’en Afrique de l’Ouest il existe un pays qui possède une station de déballastage. Ceci dit, le navire « Probo Koala » ne doit pas être dans nos eaux encore moins au port d’Abidjan.

Que savez-vous exactement sur cette affaire de déchets toxiques ?

En tant que spécialiste des questions maritimes, sans être au parfum des derniers développements du dossier, je peux quand même par expérience donner mon avis sur cette question d’autant plus que j’étais l’Administrateur des Affaires maritimes et portuaires. Je connais à peu près le processus. Je voudrais indiquer avant tout que dans la première semaine du mois de juillet, en tant que Directeur général des affaires maritimes et portuaires, j’ai été contacté téléphoniquement par mon collègue de Dakar qui disait qu’un navire est en train de se balader sur les eaux africaines avec à son bord des produits qui sembleraient être toxiques dont il veut se débarrasser. J’avais alerté le Directeur de l’Autorité maritime en lui demandant d’être vigilant et d’alerter les points de contacts ISPS, les inspecteurs maritimes, du mouvement de ces navires dans les eaux territoriales. Le 24 juillet, j’ai été débarqué par un mouvement de grève déclenché contre ma personne. Les agents de la marine ont demandé mon limogeage pur et simple. La suite est que le navire a pu entrer dans le pays sans qu’aucune autorité ne soit saisie et qu’aucune action ne soit menée à l’encontre du navire. Il a pu sortir du pays sans être inquiété.

De ce qui précède, êtes-vous en mesure en tant que spécialiste de nous donner les noms des personnes impliquées dans cette affaire ?

Quand les navires arrivent dans les eaux territoriales, ils contactent en premier lieu un agent consignataire qui s’occupe du séjour du navire dans le pays hôte. Dans notre cas ici c’est la société WAIBS. Je ne pense pas que cette société soit vraiment responsable de ce scandale. D’après ce que je sais, le navire est arrivé le 19 août 2006 et a débarqué son chargement dans la nuit du 19 au 20 août 2006. Ce qui est interdit dans la réglementation sur les marchandises dangereuses. On ne débarque pas nuitamment des produits dangereux mais on le fait dans la journée. Et ces produits sont escortés par la douane, les Affaires maritimes et la Capitainerie du port jusqu’à la destination finale. Mais le «Probo Koala» est parti comme il est venu avec la complicité des autorités portuaires, maritimes, du ministre des Transports Anaky Kobena qui a donné son agrément à la compagnie TOMMY, chargée de l’avitaillement. TOMMY est en principe une structure d’avitaillement spécialisée dans la vidange, le soutage et l’entretien des navires. Elle est chargée de transporter vers une station de recueillement appropriée les huiles usagées mélangées avec de l’eau. Dans ce cas d’espèce, ce sont des déchets toxiques et la compagnie TOMMY n’était pas habilitée à diriger l’opération. Mais malgré cela, TOMMY a eu l’agrément. Le Port autonome qui savait la teneur de la cargaison a laissé quand même ce navire accoster et être débarrassé de ses substances. Malgré le fax qu’a fait parvenir le commandant du navire le 17 août sur la teneur des produits que contenait le navire, les autorités portuaires n’ont pas été alarmées et le navire a accosté. Vous comprenez donc que c’est une complicité et ce genre de choses ne se fait pas gratuitement. Il ne faudrait pas qu’on nous raconte des histoires.

Une affaire de gros sous alors ?

Pour ce genre d’opérations, ce sont des milliards. Souvenez-vous dans des années antérieures au Cameroun, il y a eu un volcan qui avait fait éruption. En réalité, ce n’était pas le volcan qui s’est réveillé. Des déchets toxiques à cette époque avaient été déversés dans le cratère du volcan éteint depuis des siècles. Par effet d’ébullition le volcan s’était réveillé. Allez-y voir, dans les environs, ce que la population vit. Dans cette affaire, il y a une complicité avérée des autorités portuaires, le ministère des Transports et la Douane éventuellement. Parce que la Douane est affrétée au chargement et au dédouanement des navires.

La compagnie TOMMY n’était donc pas habilitée à décharger le navire «Probo Koala»?

C’est évident, la compagnie n’est pas habilitée à le faire parce que nous n’avons pas de station de déballastage. C’est même une arnaque parce que l’objet du contrat a été dévié par la compagnie. Il s’agissait au départ de vidange des eaux usées domestiques et on se retrouve avec des déchets hautement toxiques. Nous pouvons accepter les produits à faible teneur toxique ou tout simplement des eaux usées et l’huile de graissage des moteurs des navires. On peut les couler n’importe où, ce n’est pas nocif, il n’y a pas de problème. Mais nous n’avons pas de station de traitement. Je vous prends un exemple. Même du temps où la Côte d’Ivoire était propriétaire de navires, quand nous avons des navires à travers la SIVOMA et la SITRAM, le déballastage de nos navires ne se faisait pas dans le port d’Abidjan mais dans des ports spécialisés en Europe. Je ne sais pas pourquoi on accepte ces produits quand bien même nous savons que nous ne disposons pas de station pour traiter ce genre de produits. Qu’ils soient nocifs ou pas, nous n’avons pas de station de déballastage.

A y voir de très près, le navire a sûrement présenté des documents fiables à l’administration maritime qui lui permettaient de décharger son contenu…

La compagnie TOMMY a présenté toutes les autorisations qu’elle a obtenues de l’administration ivoirienne. Le commandant du navire «Probo Koala» a simplement signifié le 17 août par fax aux autorités ivoiriennes que le produit qu’il transporte était nocif et qu’il fallait le traiter au préalable avant de pouvoir le déverser quelque part. Car la substance est dangereuse, nocive pour l’environnement et pour la santé. Il l’a précisé dans son document. Je voudrais indiquer que le 17 août déjà, le navire était dans nos eaux territoriales. Il ne devait pas être loin de San-Pedro, il ne devait pas être loin d’Abidjan. Il a attendu d’être au nez et à la barbe des autorités ivoiriennes pour dire : «Bon je suis déjà là avec mon produit nocif». Figurez-vous, un navire qui a été refoulé dans six ports, y compris le grand Nigeria qui rejette un navire ! Ce qui signifie que les conditions dans lesquelles nous l’avons accepté devraient être alléchantes. Je dois ajouter des conditions individuellement alléchantes mais collectivement nuisibles, pour qu’on accepte d’accoster un navire qui annonce son arrivée le 17 août par fax. Voilà le problème. Si le navire a accosté le 19 août c’est que le 17, il n’était pas loin. Et on lui répond que la décharge d’Akouédo est prête à accueillir ces déchets. Sachez qu’un navire n’entre pas comme cela dans le canal. Il faut un remorqueur et une pilotine. Les pilotes le transportent jusqu’au quai pétrolier. Ce qui signifie que c’est une entrée officielle. C’est pourquoi, je parle de la complicité du Port. Cette complicité s’explique par la diligence avec laquelle la société TOMMY, qui venait d’obtenir son agrément, a été autorisée, le 9 août à travailler dans l’enceinte du Port. On lui donne un agrément, un numéro 1460, moins d’un mois après l’obtention de son agrément signé par le ministre des Transports, M. Anaky Kobena. A la conférence portuaire, le consignataire a dû certainement présenter le navire qui arrive sur Abidjan. Tout de suite, le bateau arrive dans la nuit du 19 août et décharge sa cargaison. On sait que c’est le port qui autorise l’ouverture des cales. Le règlement d’exploitation du Port est clair. Pour certains produits il y a des gels d’ouverture des cales. Le règlement d’exploitation du Port sur les marchandises dangereuses existe. Comment les traiter. On ne transporte pas les marchandises dangereuses la nuit. Ce qui n’a pas été respecté ce jour-là. . Je dénonce une légèreté du Directeur de la sécurité maritime, le Commandant Tanoh, qui est en charge de l’état de navigabilité du Port et de contrôler son contenu. La cellule ISPS au sein du Port, sous la responsabilité des commandant Moussako et Blédé, n’a pas fonctionné. En plus, ces produits ne sont pas nomenclaturés à la convention de Bâle. Et quelle était l’urgence pour qu’on se débarrasse de cette cargaison la nuit ? Le CIAPOL, qui est saisi, demande l’arraisonnement du navire pour examiner les produits à son bord. Parce que les gens avaient déjà commencé à se plaindre. Le prélèvement du CIAPOL indique que la teneur en produit toxique est très élevé par rapport à la normale. Donc le Directeur général du CIAPOL dit de laisser le navire quelque temps pour sa mise en examen. Le Port rétorque que le CIAPOL n’est pas la structure habilitée à arraisonner un navire. Et le 20 août, on fait partir le bateau en catimini. Voyez-vous, à cette période, je n’étais plus aux affaires. J’étais la seule autorité qui pouvait interdire l’appareillage du navire à part les autorités judiciaires. Je n’étais plus là, on a mis un douanier à ma place qui n’était pas assermenté pour cette tâche. Donc le navire a pu partir tranquillement. Chose curieuse, c’est pendant la période de grève des agents maritimes, c'est-à-dire ma période de limogeage du 24 juillet au 3 août 2006 que toutes les autorisations ont été signées par le ministre de tutelle Anaky Kobena.

Sûrement qu’ils ont montré un document de bord assez satisfaisant ?

Bien avant l’arrivée d’un navire, on envoie un fax sur lequel il est indiqué le nom du navire, les membres de l’équipage, le contenu. Pour les marchandises dangereuses, on met en place une supervision maritime, douanière et du Port. Le produit est convoyé de jour dans un parc à produits dangereux sous escorte douanière. Pour ce navire, je n’ai rien reçu comme fax et pire, le processus normal en cours n’a pas été respecté. Dans le rapport sur le document de bord qui est un document de connaissement du navire, il est inscrit que le navire est vide et qu’il n’y a aucune cargaison à bord. Or l’armateur a signalé à la compagnie TOMMY qu’il transporte des déchets à forte teneur toxique.
Deuxièmement le Port dispose d’un conseil technique chargé justement de l’application du code de sécurité ISPS. Il y avait une possibilité pour les agents d’effectuer un contrôle à bord du navire et constater qu’il transporte des substances nocives, des déchets toxiques ou des armes de destruction qui pourraient entrer frauduleusement dans le port mais ça n’a pas été fait. L’inspection ISPS du port n’a pas été faite. Et c’est toute cette complicité que je dénonce.

Il y a donc eu faiblesse de procédure ?

Il ne faut pas tourner autour du pot. Ce n’est pas une faiblesse, ce n’est même pas une légèreté, c’est un crime. Et allez demander pourquoi cela au Port et au ministère des Transports. Il faut que Marcel Gossio et Anaky Kobena s’expliquent clairement.


Affaire déchets toxiques déversés à Abidjan: Aphing Kouassi, Marcel Gossio, Djédji Amondji Pierre, Gnamien Konan…:Les vrais responsables du crime


Le Patriote - 9/5/2006 11:19:51 PM


L’affaire est scandaleuse. Elle est même dramatique. C’est sûr que dans un pays civilisé qui se veut de droit, les choses se seraient passées autrement dans l’affaire des déchets toxiques déversés à Abidjan. Les ministres en charge des départements concernés, impliqués dans ce scandale auraient, par honneur, démissionné en cascades. Ils auraient accepté d’être mis en examen pour répondre de leurs actes devant la justice. Mieux, le chef de l’Etat ou le Président de la République dont l’honneur et l’autorité auraient ainsi été bafoués aurait, très certainement, rendu lui aussi sa démission pour laisser faire la justice afin que la vérité éclate. Seulement voilà. Nous sommes en Côte d’Ivoire. Et comme on a l’habitude de le dire, la Côte d’Ivoire, c’est la Côte d’Ivoire. C’est-à-dire un pays qui semble être à l’état de nature où l’impunité est devenue la règle de gouvernance. La cupidité des gouvernants aidant, chacun fait ce qu’il veut, quand il veut, sans être inquiété. Le scandale du « Probo Koala » est la parfaite illustration de cette culture de l’impunité qui a pris corps en Côte d’Ivoire, du moins depuis l’arrivée des Refondateurs aux affaires. Dans cette affaire, on a préféré arrêter 6 personnes qui ne sont en réalité que de " menus fretins", des seconds couteaux alors que les vrais coupables, les vrais criminels sont assis tranquillement dans leurs salons feutrés et climatisés. Il ne faut point se voiler la face. Les gros poissons du scandale du « Probo Koala » se trouvent du côté du Port autonome d’Abidjan, du ministère de la Défense, du District d’Abidjan et surtout de la Direction générale des Douanes.

Marcel Gossio, DG du Port indexé

Dans cette affaire, la responsabilité du Directeur général du Port d’Abidjan est entière. Il est le premier responsable du Port. A ce titre, il a un droit de regard, et non des moindres, sur toutes les activités bonnes ou mauvaises qui se déroulent sur le ressort territorial du port. En plus, aucun document administratif ne peut être délivré, à un opérateur exerçant ou voulant exercer au port, sans que le DG Marcel Gossio n’en soit informé. Il est certainement au courant de l’autorisation d’accoster accordée, par ses services, aux propriétaires du navire en question ainsi qu’aux responsables de la Compagnie "Tommy" qui ont procédé, le samedi 19 août, au pompage du produit toxique du bateau aux fûts et conteneurs dans lesquels le produit a été conservé avant d’être déversé dans les caniveaux, la lagune et la mer d’Abidjan. Pour toutes ces raisons, les autorités judiciaires doivent demander des comptes à Marcel Gossio et à ses collaborateurs.

Aphing Kouassi doit s’expliquer

Dans un communiqué publié par son service de Communication, la marine nationale réfute les accusations portées contre elle, et surtout contre son Commandant en chef qui aurait donné l’autorisation d’entrer sur le territoire ivoirien au navire transportant les produits toxiques. Selon ce communiqué, la Marine nationale est la composante maritime des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire et, par conséquent, relève du ministère de la Défense (…) A ce titre, elle n’est point habilitée à délivrer des autorisations d’entrée et de sortie à quelque navire marchand que ce soit, dans les ports ivoiriens. Soit. En revanche, la Marine nationale et la Police maritime ne peuvent pas nier la mission de surveillance,de défense et de sécurisation des eaux maritimes et fluviales nationales. A ce titre, la Marine nationale est forcement informée de la présence de « ce bateau de la mort » sur les côtes ivoiriennes. Surtout que d’autres pays tels que le Nigeria, le Togo avaient refusé de recevoir ce curieux navire sur leur espace maritime. En plus, le Centre Ivoirien Anti- Pollution (CIAPOL) une structure rattachée au ministère de l’Environnement avait adressé une mise en demeure à l’équipage du « Probo Koala » en l’interdisant de quitter le port d’Abidjan dès qu’il s’est rendu compte du caractère extrêmement toxique du produit déversé. La Marine nationale et, à une moindre mesure, la Police maritime chargées de la surveillance des côtes ne peuvent nier ce fait. Comment le « bateau de la mort » a-t-il pu ainsi quitter les eaux ivoiriennes, à l’insu de nos chers marins ? Au regard de ce qui précède, le ministre de la Défense qui assure la tutelle et le commandant en chef de la Marine nationale doivent s’expliquer. Reste aussi le cas du District d’Abidjan.

Djédji Amondji Pierre est “mouillé”

Interrogé, à propos de cette affaire, les services de Communication du District d’Abidjan ont tenté de distraire l’opinion. Ils ont, en effet expliqué, dans notre édition du mardi 21 août qu’il s’agissait plutôt d’une opération de démoustication de la ville d’Abidjan. Et que c’est un avion qui avait déversé, sur la capitale économique ivoirienne, un insecticide. Une façon subtile pour masquer la forfaiture du gouverneur Amondji. Parce que les faits ont démontré le contraire.Il ressort, en effet, de sources crédibles que la compagnie "Tommy" qui a déversé le produit toxique à divers endroits de la ville d’Abidjan a effectivement obtenu des autorisations délivrées uniquement par les services du District d’Abidjan. Ces autorisations, reconnaissons-le, ne peuvent être délivrées sans l’avis préalable du gouverneur d’Abidjan. Djédji Amondji Pierre doit absolument être entendu. Sa responsabilité est avérée et son témoignage est attendu si l’on veut vraiment faire toute la lumière sur cette affaire.

Enfin, le Directeur général des Douanes.

La responsabilité du Colonel Gnamien Konan en jeu Le Capitaine N’Zi Kablan de la Douane, en service au Port, au moment des faits a été mis aux arrêts dans cette affaire. Ceux qui l’ont arrêté oublient qu’il n’est que le simple représentant de la Direction générale des Douanes au Port. A ce titre, il ne peut agir, comme il l’a fait, sans instructions préalables de ses supérieurs hiérarchiques, en l’occurrence le Colonel major Gnamien Konan, D.G des Douanes. Le Capitaine N’Zi Kablan pourrait être une bonne source pouvant permettre de remonter aux plus hautes autorités de la Douane. C’est pourquoi le D.G, Gnamien Konan, mérite lui aussi d’être interrogé.

Pour tout dire, l’enquête sur le scandale des déchets toxiques doit être approfondie et élargie à toutes ces personnalités qui pourraient s’avérer être les vrais coupables en lieu et place des 6 « petits gars » mis aux arrêts. La vérité dans cette affaire est à ce prix.

Khristian Kara

Tuesday, September 05, 2006

Déchets toxiques à Abidjan: Les populations de Cocody et d’Abobo manifestent

Notre Voie
Issue No.: 2481
du
Mercredi 6 Septembre 2006

Rues barrées, boulevards interdits à la circulation, marches de protestation et d'indignation, cris de colère, de détresse et de mécontentement contre les auteurs ou les complices du déversement des déchets toxiques à Abidjan ces derniers jours. C’est ce qu’il a été donné d’observer hier dans des communes d'Abidjan, notamment à Abobo et à Cocody. Hier, les populations de Cocody, pour la plupart des jeunes, tôt dans la matinée, sont à nouveau sortis pour occuper une grande partie du boulevard François Mitterand, de la Riviera 2 jusqu'au quartier Faya à la Riviera Palmeraie qui est proche de la décharge publique d'Akouedo où ont été déversés ces déchets toxiques. Leur objectif, interpeller les pouvoirs publics sur les nuisances qu'ils causent, amener les gouvernants à prendre des sanctions et les contraindre à prendre en charge les victimes (morts et malades) de ces déchets toxiques. Ils ont manifesté pacifiquement, empêchant toute circulation automobile, causant des désagréments aux automobilistes. De nombreux barrages de fortune ont été érigés sur cette partie du boulevard Mitterrand. Jusqu'en début d'après-midi, les usagers de la route empruntaient des voies détournées pour aller à leurs lieux de travail ou à leurs rendez-vous. Du côté du carrefour du Zoo, les usagers de la route ont aussi fait les frais du vent de colère de cette autre partie de la population de Cocody, bloqué pendant des heures sur cette voie. A Abobo, les populations ont fermé la voie qui mène à Alépé pendant des heures. Non contentes de ce que les pouvoirs publics ont pu laisser des camions citerne déverser des déchets toxiques dans la station de vidange de cette commune et surtout de Djibi village. Il y a quelques jours, un navire a accosté au Port autonome d'Abidjan, fait décharger par des mains complices plusieurs tonnes de déchets toxiques, transportés et déversés par une société à la décharge d'Akouedo à Cocody, à Abobo et à Yopougon.

Charles Bedé

La jeunesse communale annonce une journée ville morte

Notre Voie

Issue No.: 2481
du
Mercredi 6 Septembre 2006


“Cette semaine, nous allons décréter Cocody ville morte. Nous allons tout bloquer pour démontrer la gravité de la situation que nous vivons depuis quelque temps dans cette commune. Nous pensons que c’est la seule solution pour amener les autorités à venir éclairer la lanterne des Ivoiriens sur la provenance exacte de ces déchets toxiques. Nous envisageons également, avec l’implication de tous les jeunes des autres communes, de porter plainte contre tous ceux qui sont à la base de cette situation déplorable”.
Cet avertissement a été lancé par Boga Raymond, président de la jeunesse communale de Cocody (UJCO), lors d’une conférence de presse, mardi 5 septembre dernier, à l’hôtel communal de Cocody pour protester contre le déversement des produits toxiques dans certaines communes d’Abidjan, particulièrement à Cocody, et qui depuis quelque temps cause de nombreux désagréments aux populations concernées.Les populations des quartiers d’Akouédo, Plateau-Dokui, Angré, Deux-Plateaux qui ont accueilli ces déchets toxiques depuis la nuit du 19 au 20 août dernier, a indiqué le conférencier, souffrent chaque jour des effets de ces produits nocifs. La preuve, selon Boga Raymond, 75 morts ont été enregistrés dans les rangs des populations. Quant au nombre de malades identifiés, il a révélé qu’il se chiffre à 400. “Chaque jour, de nouveaux cas de malades sont déclarés dans les différents quartiers où ont été déversés ces déchets toxiques. Faites un tour dans les grands centres hospitaliers d’Abidjan et vous verrez l’ampleur du drame”, a expliqué le président de l’UJCO qui dit être écœuré devant le mutisme des autorités administratives et politiques qu’il tient pour responsables de cette situation déplorable. “Nous ne sommes pas contents des autorités. Car nous ne comprenons pas pourquoi des dispositions n’ont pas été prises pour empêcher le déversement des déchets partout à Abidjan. Pis, depuis que nous vivons cette situation, aucune autorité ne s’est déplacée sur les lieux”.Poursuivant, Boga Raymond a marqué son indignation face aux propos du ministre de la Santé qui, plutôt que de chercher une solution au problème, invite les populations qui sont infectées à aller dans les CHU pour se faire soigner. Le patron de l’UJCO a salué le comité scientifique mis en place par le gouvernement pour régler le problème. Cependant, il a souhaité, vu la gravité de la situation, que des actions urgentes et concrètes soient menées sur le terrain pour mettre fin au calvaire des populations. C’est en cela qu’il a appelé les jeunes des autres communes, avec qui il dit avoir pris contact, à se mobiliser pour amener les autorités à trouver une solution. Car, ajoute-t-il, si la jeunesse ne fait rien, la situation va perdurer.Selon Dr. Guy Alain, il est difficile de guérir des maladies causées par ces déchets toxiques déversés à Abidjan qui proviennent du nettoyage d’un centre thermique. Comme solution, il a proposé que soient enterrés ces déchets toxiques, dans des trous d’au moins 40 mètres de profondeur.

Alexis Rabé

Déchets toxiques déversés à Abidjan: Des centaines de victimes enregistrées dans les hôpitaux

Notre voie

Issue No.: 2481
du
Mercredi 6 Septembre 2006

Mlle Zokou Estelle, une jeune fille accompagnée d'un jeune homme, est en pleurs dans l'ascenseur du CHU de Cocody la menant au 12ème étage, au service de pneumologie. Elle respire difficilement. Dès qu’il l’a vue, le médecin traitant décide de la faire hospitaliser. Et c'est gratuit, tant que les médicaments nécessitant le traitement sont compris dans la liste des médicaments offerts par l'Etat. Comme cette jeune fille, ils sont plus de 1500 à affluer vers les établissements sanitaires que sont les CHU de Cocody et Treichville et dans d'autres structures sanitaires de quartier. Malheureusement, selon le ministre de la Santé, qui était hier au CHU de Cocody, il y a eu deux morts. Au CHU de Cocody, une bâche a été dressée à l'entrée des urgences où un bureau a été ouvert pour l'accueil des victimes des déchets toxiques. Les victimes se font d'abord recenser à l'entrée et après sont interrogées par trois médecins qui attendent dans le bureau. Une fois le diagnostic posé, les patients, selon les cas, sont référés soit au service ORL au 7ème étage, soit au service PPH au 12ème étage. Avant de se rendre dans l'un de ces services, les malades, pour les cas qui le nécessitent, font un tour au service de radiologie du CHU pour faire une radiographie des poumons. Toutes ces étapes sont gratuites. Mais, l'autre réalité, c’est que certains malades affirment qu'ils ont dû débourser de l'argent pour pouvoir se prendre en charge. “Je suis là avec mon bébé et ma femme. J'habite la Riviéra et j'ai déboursé déjà 50. 000f cfa dans l'achat des médicaments”, affirme M. Koré Bauza Charles. Une autre jeune fille en colère avec son bébé s'est plaint au ministre Allah Kouadio de la Santé de ce que son bébé souffre d'une infection bactérienne du fait de l'inhalation des déchets toxiques et que, depuis le samedi dernier lorsqu’elle est arrivée au CHU, elle paie sa chambre d'hospitalisation. “Ça me fait aujourd'hui (hier) 75.000fcfa depuis les consultations que j'ai faites dans le dispensaire de mon quartier jusqu'à mon arrivée au CHU ”, a-t-elle soutenu. Une prise en charge limitéeEn fait, selon des médecins qui ont requis l'anonymat, le CHU de Cocody n’a reçu que pour un peu plus d'un million CFA de médicaments pour la prise en charge des victimes. Seule la radiographie, les examens biologiques, la consultation et les médicaments délivrés par l'Etat sont gratuits. En clair, si le cas du patient exige un médicament qui n'est pas compris dans le lot de médicaments donnés par l'Etat, les médecins prescrivent au patient une ordonnance. Plusieurs patients qui ont reçu des ordonnances de 10 mille, voire de 15 mille, ont crié leur colère au passage du ministre de la Santé. Pour eux, la prise en charge promise par l'Etat, n'est qu'un leurre. Le ministre de la Santé, dans une adresse à la presse, a confirmé le constat d'une prise en charge limitée. “Quand les patients arrivent, on les prend trois par trois parce qu'il y a trois médecins pour les examiner. Si le cas nécessite une hospitalisation, par rapport aux symptômes qui sont constatés, on les envoie soit en ORL, soit en pneumologie, soit en médecine. Si, ce n'est pas nécessaire, alors on leur fait un premier traitement gratuitement, dans la mesure des médicaments disponibles. Pour le reste qui va se faire en ambulatoire à la maison, on leur fait une ordonnance parce que c'est une situation qui nous surprend. Aujourd'hui, si nous voulons accueillir tous les Abidjanais qui viennent à nous, nous ne pouvons pas leur donner suffisamment de médicaments. Donc, ce sont les premiers soins qui sont gratuits dans la limite de nos stocks”, a expliqué le ministre. Mais, il a rassuré la population que le gouvernement est en train de s'organiser pour que la prise en charge soit totale. Face à la pénurie probable de films pour la radiographie du fait de cette crise, il a annoncé que le gouvernement fera des commandes rapidement. Un comité interministériel et scientifique a été mis en place, selon Allah Kouadio. Lundi dernier, le gouvernement, a révélé le ministre, a rencontré les partenaires au développement pour demander une assistance technique. Car, a-t-il affirmé, la Côte d'Ivoire n'a pas les moyens de neutraliser les éléments toxiques qui composent ces déchets. “Nous ne sommes pas outillés pour neutraliser ces produits et c'est pour cela que nous avons fait appel à la communauté internationale pour nous aider non seulement à neutraliser les déchets toxiques mais aussi à prendre en charge la population parce qu'il nous faut doser dans le sang les métabolismes de ces produits chez les personnes intoxiquées”, argumente Allah Kouadio. Les éléments toxiques ont été analysés par la SIR et le CIAPOL. “C'est en fonction des composants toxiques qui ont été mis en évidence que nos services de toxicologie ont prévu les maladies et les symptômes qui allaient surgir. Et c'est en fonction de ces données que nous avons prévu les médicaments”, a encore soutenu le ministre. Mais pour plusieurs médecins, la prise en charge offerte par l'Etat est complète parce que ça ne sert à rien de soigner et de laisser les malades retourner dans le lieu où ils se sont fait intoxiquer. “Nous voulons savoir ce que nous soignons. Ça ne sert à rien qu'on arrête les diarrhées, les vomissements, les irruptions cutanées, les inflammations des voies ORL... pour ensuite laisser les malades retourner dans le foyer de leur intoxication”, affirment-ils sous le couvert de l'anonymat.
Coulibaly Zié Oumar

Liste des personnes déjà interpellées

Le Courrier d'Abidjan - N° 807 Mardi 05 Septembre 2006

Les personnes dont les noms suivent ont été interpellées par le Procureur de la République adjoint, dans le cadre de l’enquête judiciaire ouverte sur l’affaire du déversement de déchets toxiques dans le District d’Abidjan.
Il s’agit de :
1 - M. UGBONGBO Salmon, directeur général de la compagnie Tommy
2 – Le Conseiller juridique de la compagnie Tommy
3 – Capitaine Noba, de la société de consignation maritime WAIBS
4 – Commandant Bombo Dogui Marcel, directeur des opérations maritimes au Port autonome d’Abidjan
5 – N’Zi Kablan, Administrateur général adjoint de la société Puma Energy
6 – Le propriétaire et le chauffeur d’un camion de vidange ayant servi aux opérations de récupération des déchets et ayant aussi participé aux travaux de déversement de ces déchets sur divers sites à Abidjan.

Liste de quelques sites où ont été déversés les déchets toxiques dans le District d’Abidjan
1 – Décharge d’Akouédo
2 – Zoo (route d’Abobo)
3 – «Carrefour Bandji» (route d’Abobo, non loin de HETEC)
4 – Vridi
5 – La MACA (Yopougon)
6 – Route d’Alépé
7 – Abobo Anador
8 – Les canalisations et égouts débouchant sur la lagune

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ZADI DACOURY a été blanchi en lieu et place de NZI KABLAN.

La compagnie TOMMY était-elle habilitée à décharger le navire «Probo Koaloa» ?

le courrier d'Abidjan

Parution N° 807 du Mardi 5 Septembre 2006

Pollution – Rebondissement dans l’affaire du déversement de déchets toxiques dans le District d’Abidjan. Au centre de ce scandale, se trouve la compagnie TOMMY. La piste des coupables et des niveaux de responsabilités dans cette pollution à grande échelle se dévoile progressivement...

ParDanielle Tagro

Le navire «Probo Koaloa» fait toujours parler de lui, au vu des nombreuses victimes qui se succèdent chaque jours dans les centres hospitaliers d’Abidjan. On dénombre déjà, selon les témoignages des riverains des sites d’enfouissement des déchets toxiques à travers Abidjan, plus de 400 malades, et quelques cas de décès. Au centre de ce scandale digne de «l’Amoco Cadiz» ou de «Tchernobyl», la Compagnie Tommy, une structure d’avitaillement maritime. Pour éclairer la lanterne des lecteurs, il y a lieu de se demander ce que transportait le navire en question. Dans sa lettre adressée à Jorge Luis Marrero de Trafigura LDT, en réponse à son courrier en date du jeudi 17 août 2006, la Compagnie Tommy fait cas de produits chimiques. Or, dans la demande d’autorisation datée du 20 juillet 2006 adressée aux autorités portuaires, la Compagnie TOMMY parlait de récupération des huiles usagées et des déchets domestiques à bord des navires en escale au Port d’Abidjan. S’agissait-il d’une cargaison de déchets toxiques ou un simple vidange de «SLOP» (résidus de nettoyage de cuve ?). Selon les informations en notre possession, les produits mis en cause dans l’affaire des déchets toxiques déversés dans le District d’Abidjan et qui mettent en danger la vie des populations sont les suivants : l’hydroxyde de sodium (NaOH) ou caustique, l’hydrogène sulfuré (H2S), présents dans de nombreux composés chimiques dont le mercaptan et l’essence (voir encadré). C’est de pratique courante que les navires pétroliers soient amenés à nettoyer leurs cuves en fonction de leurs dernières ou de leurs prochaines cargaisons. Ces lavages sont effectués selon des procédures bien connues en utilisant souvent des produits chimiques dont la nature et la traçabilité ne font l’ombre d’aucun doute. Pour le navire en question, les produits utilisés en mélange avec de l’eau donne la soude caustique, les mercaptans, de l’essence. Cet ensemble appelé sur les navires les «SLOPS», est recueilli dans un réservoir plus petit à bord et en attente d’être débarqués dans un port, comme l’y oblige la réglementation internationale. En effet, cette réglementation fait obligation à ne rien jeter en mer. Ainsi, après une traversée, les «SLOPS tanks» sont contrôlés à l’arrivée dans la plupart des ports. En cours de traversées pour pouvoir stoker ses huiles usagées, il est nécessaire qu’au départ du dernier port pour une longue traversée, ces tanks pour les «slops» soient vides. C’est dans cette optique que le navire «Probo Koaloa» avait demandé cette opération. Comment se fait-il que la tâche soit confiée à la Compagnie Tommy par l’entremise de l’agent consignataire «WAIBS», via le capitaine N’Zi Kablan, de la société PUMA Energy. Au port d’Abidjan, l’activité d’enlèvement des déchets à bord des navires est concédée à des entreprises privées agrées par le ministère de l’Environnement et le ministère des Transports, Département chargé de l’Administration des Affaires Maritimes et Portuaires. Les sociétés agrées adressent des courriers de demandes de prestations auprès des sociétés de consignation des navires. Le bordereau d’enlèvement établi par le prestataire visé selon la loi n° 96-766 du 30 octobre 1996 portant code de l’Environnement, et conformément à l’annexe V de la convention MARPOL 73/78 où il est demandé à l’Autorité Portuaire de disposer des installations de réception des huiles usagées en provenance des navires, signé par la Capitainerie du Port. Les ordures sont ensuite évacuées soit à la décharge publique, soit dans les stations de traitement des prestataires (cas des déchets liquides à base d’hydrocarbures). La compagnie TOMMY désignée par WAIBS, la société consignatrice, a produit les documents suivants : deux agréments ministériels (ministère des Transports et de l’Environnement) à jour, une redevance des droits d’usage des installations portuaires, une lettre présentant les spécifications du produit (nature, composition) et les dispositions administratives et sécuritaires à observer, une attestation de réception du produit par la décharge d’Akouédo, délivrée par le District d’Abidjan, et un accord d’escorte douanière. L’opération par nature est régulière, mais le problème se pose au niveau de la nature et de l’existence juridique de la Compagnie TOMMY. La société en question est autorisée, selon l’arrêté n° 00169/ MT/DGAMP/DTMFL du 12 juillet 2006 portant agrément probatoire de la Compagnie TOMMY, signé par le ministre des Transports et visé de M. Innocent Anaky Kobenan, en qualité d’avitailleur maritime spécialisé dans le vidange, l’entretien et le soutage des navires au Port Autonome d’Abidjan, pour une période d’un an à compter de la signature du présent arrêté, et est enregistré au Port Autonome d’Abidjan sous le code N° 1460. Une Sarl dont le capital n’est pas notifié sur le papier entête, le numéro de téléphone inscrit à la main, une structure en pleine constitution qui reçoit l’autorisation portuaire le 9 août 2006. Curieux tout de même ! C’est donc à une jeune entreprise de moins d’un mois d’existence qu’est confiée cette tâche de décharger un navire transportant des produits réputés dangereux pour l’environnement. Quelles ont donc été les garanties fournies par la Compagnie TOMMY pour obtenir aussi rapidement un agrément du ministère des Transports ? That is the question, comme disent les Anglais. Devant un tel scandale, des interrogations surgissent : Le navire «Probo Koaloa» était-il autorisé a accéder au Port d’Abidjan et à effectuer son transbordement ? Si oui, quel était le rôle de la compagnie TOMMY ? Quel rôle a joué le consignataire WAIBS entre l’armateur ou l’affréteur et la compagnie Tommy ? La compagnie Tommy est-elle accréditée pour effectuer ce type d’opération ? Qui lui a accordé son agrément, sur quels critères ? Avec quel contrôle des normes exigées ? Y a-t-il eu une faiblesse de procédures de contrôle (conflit d’autorité et/ou de compétence) ? Les procédures sont-elles insuffisantes pour le traitement de ces cas ? La manipulation du produit après son enlèvement du navire a-t-elle été mal faite ? Les camions citernes ont-ils été escortés par la douane, comme le prévoit l’autorisation délivrée par elle ?Concernant l’état sanitaire, de quoi souffrent les malades ? Est-ce en rapport avec une contamination par le produit chimique ? Les médecins savent-ils de quel produit chimique il s’agit ? Ce navire ayant transporté le liquide toxique ayant pollué l’air abidjanais appartient à la société Trafigura LTD, une succursale du groupe Trafigura Beheer basé à Amsterdam, au Pays-Bas. Il a été chargé en Espagne, précisément à Ageceiras 400 tonnes, d’un mélange de gazoline et de soude caustique avec une forte concentration de sulfure de mercaptan. La teneur en carbone de la cargaison est de 21000 milligrammes par litre, une quantité supérieure à la norme, qui est de 2000 milligrammes par litre. Ces déchets proviennent des Pays-Bas. Avant que l’embarcation ne prenne le chemin d’Abidjan, les responsables de la Trafigura LTD ont écrit à leur correspondant ivoirien, PUMA Energy, l’intermédiaire entre la société consignatrice Waibs et Tranfigura LDT, pour lui donner toutes ces informations conformément aux règles édictées par la conférence internationale de Bâle (Suisse) concernant ce genre de trafic. Le produit doit être soigneusement enlevé du navire lorsqu’il sera à destination, et convenablement stocké afin d’éviter toute conséquence liée à la dégradation de l’environnement et tout problème avec les autorités ivoiriennes. Les autorités douanières que nous avons jointes hier au téléphone, n’ont pas été bavardes sur la question. Idem pour les autorités portuaires, qui ont souhaité garder le silence pour l’instant. Néanmoins, elles assurent qu’un rapport détaillé de la situation a été transmis au Premier ministre Charles Konan Banny depuis quelques jours. Des enquêtes ont été diligentées pour s’assurer qu’il n’y a pas eu vice de procédure. Toutefois, les experts interrogés sur la question ont fait savoir qu’il s’agit d’opérations de routine et que dans ce cas d’espèce, c’est le Centre anti-pollution (CIAPOL) qui est désignée dans la conduite des opérations. Afin de déterminer la teneur en toxicité du produit et partant, l’autorisation de débarquer. Nous reviendrons sur cette affaire de pollution, qui continue de polluer le quotidien des Abidjanais depuis trois semaines.

Monday, September 04, 2006

La marine nationale réfute les accusations portées contre elle


Le Patriote No. 2080 du Mardi 5 Septembre 2006
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Le samedi 02 septembre 2006, lors de la diffusion du Journal Télévisé de 20 heures, des affirmations ont fait état : d’une part, de déversement de produits toxiques à travers la ville d’Abidjan ;d’autre part, d’une plainte portée contre trois parties au nombre desquelles figurait le Commandant de la Marine.Le quotidien « Notre Voie » n° 2478 du samedi 02 septembre 2006, à la page 14 publie les mêmes informations en incriminant le Commandant de la Marine : «… Pour sa part, l’Etat de Côte d’Ivoire a déposé trois plaintes : une contre le Commandant de la Marine qui a donné l’autorisation d’entrer sur le territoire au navire transportant les produits….. »Face à de telles allégations dénuées de tout fondement, le Service de Communication de la Marine Nationale tient à apporter les précisions suivantes :La Marine nationale est la composante maritime des Forces Armées Nationales de Côte d’Ivoire et par conséquent, relève du Ministère de la Défense. Elle ne fait donc pas partie du dispositif commercial et marchand en vigueur dans la communauté portuaire. A ce titre, elle n’est point habilitée à délivrer des autorisations d’entrée et de sortie à quelque navire marchand que ce soit, dans les ports ivoiriens.La Marine Nationale atteste qu’elle n’est nullement impliquée dans ce genre d’opérations rapportées par les médias précités;Enfin, la Marine Nationale rassure les communautés nationales qu’elle ne participera jamais à une quelconque opération de nature à mettre en péril la santé et l’environnement des populations ivoiriennes. Le Service de Communication de la Marine Nationale

Les abidjanais crient leur calvaire





PANEL:dépôt de déchets toxiques

Le Patriote No. 2080 du Mardi 5 Septembre 2006

Les déchets toxiques déversés sur certains sites du district d’Abidjan continuent de faire des victimes au sein de la population. Dans ce panel, les premiers concernés nous racontent les tortures qu’ils en durent.

1 - Touvoly Tra Bi Raymond (transitaire au guichet unique)
«J’ai des saignements au niveau des narines»
« Depuis un certain temps, on a été intoxiqué. Et on nous apprend qu’il y a un navire qui est venu déversé des déchets toxiques sur les sites de Vridi canal et à Akouédo. Et on a été intoxiqué. Moi, personnellement, je saigne des narines. On nous a fait croire qu’on pouvait aller se faire soigner dans les hôpitaux et que l’Etat allait nous prendre en charge. Nous nous sommes rendus là-bas. Après l’examen effectué par le médecin, on nous donne des ordonnances que nous prenons nous mêmes en charge. On va à la pharmacie de l’hôpital et on nous fait payer les médicaments. Et jusqu’à présent, nous sommes dans la même situation. Ce matin (ndrl hier matin) nous sommes venus pour travailler. Mais vous-même vous constatez que l’odeur est toujours là. Des fois, les ventres sont ballonnés, les narines sont bouchées, on a des difficultés pour respirer… Nous allons encore retourner à la maison. Cela ne nous arrange pas, nous les transitaires, car nous ne sommes pas salariés. Que l’Etat prenne ses responsabilités. Nous les Ivoiriens, on se demande comment un bateau peut rentrer au port et repartir sans être identifié. J’accuse le ministre du transport et le DG du Port.

2 - Adama Koné (Chargé de communication au guichet unique)

«Le préjudiceéconomique est énorme pour nous»
«Face aux certificats d’arrêts de travail délivré par le médecin à nos travailleurs, nous avions été obligés d’arrêter le travail. Cela constitue une importante perte financière pour nous. Nous avons enregistré des cas de maladies graves. On nous demande de nous tenir loin des sites. Mais que fait le gouvernement pour trouver une solution au problème. L’odeur est là et les gens ont peur. Le produit est très dangereux. Les médecins n’arrivent même pas à interpréter la radio. Alors je me demande quelle action le gouvernement entreprend pour éviter à la Côte d’Ivoire des cas de décès ?

3 - Mme N’Guessan Evelyne : (Responsable Côte d’Ivoire Logistique au guichet unique)

«On nous fait payer les médicaments»«Depuis lundi, on a constaté qu’il y avait des problèmes d’air au guichet unique. L’air était pollué. Moi personnellement je suffoquais. J’ai ressenti des picotements au niveau de la langue et des palpitations au niveau de la poitrine. On pensait que c’était passager, mais cela a persisté. Et d’autres collègues ont commencé à avoir les mêmes malaises et puis suite à nos plaintes, nos responsables nous ont demandé d’aller faire des visites médicales. Le médecin nous a donné des certificats de travail allant de cinq (5) jours à une semaine. Et puis, nous sommes revenus. Mais, on a constaté que rien n’a été fait. L’odeur persiste. Alors qu’il a été prouvé que ce sont des déchets très toxiques. On ne sait pas s’il faut fermer le guichet ou le transférer. Tout ça nous cause des désagréments, surtout à la veille de la rentrée scolaire. On a été doublement malheureux de constater que nous devons payer nous-mêmes les médicaments. Alors que c’est une situation qui s’est imposée à nous. Chacun doit faire son travail.

4 - Adja Agnès (Vendeuses de nourritureprès du canal de Vridi)
«Ils veulent nous tuer tous» «A cause du produit déversé dans le canal, les clients ne viennent plus. Ceux des entreprises ne viennent pas. Ni même les passants. Les gens disent que le coin sent. On prépare la nourriture, personne ne paie. On ne sait pas ce qu’on va faire. J’ai huit (08) enfants à la maison. C’est ce que je vends pour les nourrir. Mais, regarde (elle nous montre la nourriture préparée), personne ne vient manger. Avant je préparais 15 kilos. Aujourd’hui, je prépare 3 kilos. Mais, malgré ça, il y a toujours du restant. Ils veulent nous tuer tous. Mais, nous n’allons pas mourrir à la maison. Nous sommes près du canal, on sait qu’on va tomber malade. Depuis que nous sommes à Abidjan, on n’a jamais vu ça. Il faut que le gouvernement trouve une solution à cela. Ou bien s’ils peuvent nous nourrir tous, qu’ils nous disent.

5 - Gnepa Roger (Virgile, gardien du canal) «On travail sans protection»

« Le produit nous a donné des maux de tête, de poitrine, de gorge. On a aussi eu des vomissements et des démangeaisons. Je dois même me rendre à l’hôpital demain ( ndrl aujourd’hui). Je demande que les lieux infectés soient désinfectés. Qu’on soigne la population et qu’on arrête les responsables. Depuis les premiers jours du déversement des produits jusqu’aujourd’hui, on travaille au canal sans protection, ce qui est très dangereux pour nous. L’hygiène publique est passée ici et nous avait promis des boites de lait, mais ils ne sont pas revenus.

6 - Mamadou Doumbia. (Ferrailleur à Abobo) : «On ne sait pas quoi faire»

«Un lundi matin, nous avons constaté que du produit toxique a été déversé à côté de notre lieu de travail. Il y a eu des gens qui ont eu des maux de ventre, de la diarrhée pendant deux jours. D’autres ont toujours des problèmes de ventre, de poitrine. On demande au gouvernement de nous aider. Les gens qui vont dans les CHU n’arrivent pas à se faire soigner. Et nous autres ? Avec la pluie l’odeur a diminué. Mais, on a toujours des problèmes.

7 - Diakité Ousmane : (lavage d’autos à Abobo) «J’ai bu du bonnet rouge»

«Je suis tombé malade pendant deux jours. Après avoir respiré ce produit, mon ventre a coulé. Comme on nous a conseillé du bonnet rouge, j’en ai acheté pour boire. Et Dieu merci, ça va. Je ne suis pas allé à l’hôpital”.

Pollution : Dépôt de déchets toxiques à Abobo Dokui


Les populations protestent et demandent des comptes au gouvernement
Le Patriote No. 2080 du Mardi 5 Septembre 2006Les habitants du Plateau Dokui dans la commune d’Abobo ont dressé des barricades pour protester contre le dépôt de déchets toxiques dans leur quartier.


Indignation, colère et révolte. Les habitants du Plateau Dokui n’en peuvent plus. Ils se disent fatigués de l’odeur suffocante provoquée par les déchets toxiques du navire Russe «Probo Koala» déversés dans le lac artificiel de leur quartier à proximité du groupe d’Ecoles HETEC. Pour manifester leur colère, ce sont des dizaines de personnes qui ont dressé tôt le matin du lundi 04 septembre 2006 des barricades pour dire non à l’intoxication et demander au gouvernement de faire la lumière sur cette affaire. Pendant plusieurs heures, les voies principales et secondaires du quartier sont restées fermées. «… Nous souhaitons simplement qu’on nous dise ce qui se passe et que les responsables de cet acte soient punis», exigent les manifestants. Cette situation, a bien entendu fortement perturbé le transport. L’accès du centre ville (Adjamé – Plateau – Cocody) par le zoo était impossible. Empêchant du coup de nombreuses personnes à atteindre leur lieu de travail. Les ministères de l’Environnement et de la Santé directement interpellés n’ont pas encore réagi à ce cri de colère et de détresse des habitants du Plateau Dokui. Or, préviennent plusieurs sources, si le silence du gouvernement persiste, il faut craindre une généralisation des manifestations contre ce scandale écologique et sanitaire.
Coulibaly Moussa

Pollution : Affaire déchets toxiques à Abidjan :Le scandale a-t-il coûté 4 milliards de francs ?

Le Patriote No. 2080 du Mardi 5 Septembre 2006
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Les langues commencent à se délier sur la transaction financière qui a conduit au dépôt de produits toxiques dans plusieurs quartiers d’Abidjan.C’est une véritable manne financière. Quatre (04) milliards de francs. C’est la commission qu’auraient perçu plusieurs autorités ivoiriennes impliquées dans le scandale du «Probo Koala». Selon une source très proche du dossier, après finalisation du «deal» cet argent a été placé sur plusieurs comptes dans des banques en Europe. S’agissant des complicités ou implications directes et indirectes, notre source préfère être prudente en ne citant pas de noms pour l’instant. Toutefois, notre interlocuteur n’infirme pas la responsabilité des 6 personnalités arrêtées dans cette affaire dont le Capitaine N’Zi Kablan. Pour sûr, insiste notre source, les plus grosses têtes de ce scandale se trouvent du côté du District d’Abidjan et du Port Autonome d’Abidjan (PAA). Car, semble-t-il, les responsabilités de ces deux structures se sont montrées très actives dans la délivrance de documents autorisant l’entrée du navire en Côte d’Ivoire et l’évacuation de son contenu.
Coulibaly Moussa

Le gouvernement ivoirien aux représentants de l`Union européenne - "Aidez-nous, la situation est grave"


Le Nouveau Réveil - 9/4/2006 6:38:24 PM

Le dossier des déchets toxiques, le gouvernement ivoirien l'a porté devant les représentants des pays de l'Union européenne. Hier au ministère des Affaires étrangères, les ministres Bohoun Bouabré, Bakayoko Youssouf, Andoh Jacques, Allah Kouadio, Aphing Kouassi et Studer-Coffi ont demandé à ces diplomates étrangers d'aider la Côte d'Ivoire " Nous avons du mal à neutraliser le produit. Nous avons à ce jour fait des investigations pour identifier les sites. Sept (7) ont été identifiés, nous poursuivons nos investigations " a déclaré le ministre d'Etat Bohoun Bouabré. Et le ministre d'Etat, du Plan et du Développement de poursuivre : " Il nous apparaît important de vous donner l'information officiellement. Toute l'information dont nous disposons. Mais nous vous sollicitons pour nous aider " Quant au ministre Andoh Jacques, il a expliqué que beaucoup de personnes souffrent de cette situation. Après avoir décrit les conditions dans lesquelles ces produits sont arrivés en Côte d'Ivoire, le ministre de l'Environnement, des Eaux et forêts a précisé que ce sont des tonnes de produits toxiques qui sont déversés à la décharge d'Akouédo, au canal de Vridi, à Anyama (route d'Alépé) au dépotoir du zoo d'Abidjan, etc. le ministre de la Santé Allah Kouadio a, pour sa part, répété lui aussi que la situation est très sérieuse. Mais que le gouvernement à travers un comité interministériel a mis en place un plan d'urgence pour prendre en charge les malades (1000). Il a par ailleurs annoncé qu'il y a deux (02) décès, des enfants. Avant de montrer lui aussi les incapacités du gouvernement à venir à bout de la situation " Notre problème, c'est comment neutraliser les produits déversés. C'est ça le plus urgent aujourd'hui. Ce n'est pas facile à la Côte d'Ivoire de faire face à cette situation. Qu'on nous aide pour tuer la cause " a-t-il lancé. En attendant, tous ont rappelé aux diplomates de l'Union européenne que des personnes impliquées dans cette affaire ont été arrêtées et détenues à la MACA. Les ambassadeurs et chargés d'Affaires de l'Union européenne après avoir écouté les ministres ivoiriens, ont demandé à avoir tous les détails par écrit sur la situation. C'est-à-dire la nature du produit, ses effets sur les victimes, etc. Après quoi, ils ont donné un avis favorable à la requête des représentants de l'Etat de Côte d'Ivoire. Il reste maintenant à intervenir auprès de leurs pays respectifs afin que des experts en la matière puissent venir à Abidjan, pour secourir les ivoiriens. Eux qui souffrent par la faute de certains de leurs "frères" assoiffés d'argent.

Djè KM

Déchets toxiques à Abidjan - C`est très grave - Un demi-million de personnes doivent être évacuées

24 Heures - 9/4/2006 8:13:14 PM

C’est un désastre national qui s’annonce. L’ampleur de l’étendue du scandale des déchets toxiques déversés à travers Abidjan et leurs effets ravageurs, est incommensurable. Selon des indiscrétions, des experts, après analyses préconisent l’évacuation des communes les plus touchées, soit environ 500.000 personnes (vous avez bien lu cinq cent mille), le temps de neutraliser le fléau.Les populations des communes touchées par les déchets toxiques doivent être évacuées. Non ! Ce n’est pas une blague. Depuis hier en fin de matinée, plusieurs experts nationaux et responsables de l’administration au cours d’une réunion de crise, ont établi le diagnostic implacable : la gravité du fléau provoqué par les déchets toxiques illégalement déposés dans plusieurs communes d’Abidjan, leurs conséquences désastreuses et surtout, leurs étendues dans la mégalopole abidjanaise impose des mesures exceptionnelles. En vérité, il apparaît de plus en plus clairement que l’Etat de Côte d’Ivoire est dépassé par l’ampleur du fléau. La prise en charge par les hôpitaux publiques des victimes déclarées ne représente qu’une goutte d’eau devant la réalité encore enfouie. Déjà débordés, les pouvoirs publics continuent de découvrir encore de nouveaux sites de déchets toxiques à travers la capitale économique.Alors, hier, lors d’une rencontre technique qui regroupé plusieurs départements de l’administration publique, dans le cadre d’un comité interministériel, des experts ont préconisé, tout simplement, une évacuation partielle de pas moins de 500.000 personnes (cinq cent mille), toutes sous la menace directe des effets destructeurs des déchets toxiques. Le comité interministériel, présidé par le ministre d’Etat, Paul Antoine Bohoun Bouabré, ce comité est composé des ministères du Plan, de la Santé, de l’Agriculture, des Mines et de l’Energie, des Infrastructures économiques, de l’Environnement. Les communes concernées sont : Koumassi, Marcory, Port-Bouët (Vridi), Cocody (Akouédo, Riviera Palmeraie, Plateau-Dokui).La mesure, selon des indiscrétions, s’avère d’autant plus nécessaire et urgente, que de nouveaux dépôts de vidange sont découverts presque tous les jours. Ainsi donc l’étendue des zones touchées augmente et le fléau devient progressivement un problème majeur de santé publique.L’évacuation des populations devrait, si elle est décidée, permettre de protéger les âmes directement touchées par les émanations du gaz, le temps de neutraliser les effets nocifs, dont les ravages vont crescendo au grand désarroi des Abidjanais. La décision d’évacuation, en dernière analyse, revient au gouvernement. Cependant, elle ne va pas sans conséquences.En effet, les ressources financières, la logistique, les moyens de sécurisation, la mise en état de sites d’accueil nécessiteront des fonds importants. On risque d’assister à un nouveau type de déplacés internes.D’où l’appel du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique à la communauté internationale, lancé hier sur le plateau du journal télévisé de 20 heures. Au cours de cette édition, Remi Allah Kouadio qui a reconnu la gravité de la situation, a annoncé la tenue, ce matin, d’une réunion avec les partenaires au développement, dont l’Union européenne, le Pnud… Le hic dans la crise humanitaire, c’est qu’aucune mesure drastique n’a été prise. Aucun responsable, à quelque niveau que ce soit, n’a été relevé ni suspendu de ses fonctions. Le temps de déterminer les auteurs et les responsabilités, comme ce fut le cas dans l’affaire de la descente des policiers à l’Université. Pourtant, les déchets toxiques ont déjà fait plusieurs dizaines de morts et frappé directement plus de 500 personnes. En attendant de telles mesures, Remy Allah Kouadio a indiqué que le gouvernement a commandé des médicaments et que les centres de santé et tous les CHU sont mobilisés pour soigner les malades. Aussi, a-t-il invité les populations à se rendre dans les structures sanitaires de leur commune afin de bénéficier des soins nécessaires.

Rappelons pour mémoire que ce sont 400 tonnes de produits toxiques qui sont sortis du Probo Koala, le navire battant pavillon panaméen, d’origine russe pour être déversés à Akouédo, au Plateau-Dokui, à Vridi.Et le 21 août dernier, le Ciapol a été saisi par des personnes se plaignant « d’une odeur suffocante » ressentie également à Marcory, Port-Bouët, Cocody, etc. Et pourtant, selon des indiscrétions, Interpol (le réseau de police international) avait alerté les autorités ivoiriennes, notamment le ministère de la Défense sur l’arrivée imminente d’un navire pollueur dans les eaux territoriales ivoiriennes. Rien n’y fit.

Dieu ne veille-t-il pas déjà sur la Côte d’Ivoire ? Aucun déchet, fut-il très toxique ou même bactériologique ne peut nous faire du mal.Non ! Il faut arrêter de plaisanter avec la vie des populations.Dans cette affaire, rien n’a encore été dit. Le gouvernement doit s’expliquer. Et maintenant !

Lassina KEITA

Affaire résidus chimiques déversés à Abidjan - Les autorités savaient que les déchets étaient toxiques


On en sait davantage sur le "Probo Koala”. On connaît
désormais le propriétaire, l’origine et la nature de
la cargaison de ce navire qui a transporté le
liquide mortel déversé à travers la ville d’Abidjan.


Le voile vient de se lever sur le "Probo Koala”. Ce
navire qui a transporté le liquide toxique ayant
pollué l’air abidjanais appartient à la société
Trafigura LTD, une succursale du groupe Trafigura
Beheer basé à Amsterdam, au Pays-Bas. Il a chargé en
Espagne, précisément à Ageceiras, 400 tonnes d’un
mélange de gazoline et de soude caustique avec une
forte concentration de sulfure de mercaptan. Ces
déchets proviennent des Pays-Bas. Avant que
l’embarcation ne prenne le chemin d’Abidjan, les
responsables de Trafigura LTD, ont écrit à leur
correspondant ivoirien, Puma Energy, l’intermédiaire
entre la société consignatrice Waibs et Transfigura
LTD, pour lui donner toutes ces informations,
conformément aux règles édictées par la conférence
internationale de Bâle (Suisse) concernant ce genre de
trafic. Le courrier a été écrit par Jorge Luis Marrero
de Trafigura LTD. Celui-ci a envoyé un courrier
électronique le jeudi 17 août à 14 H 46 au capitaine
N’ZI Kablan de Puma Energy. Dans sa lettre, Jorge
Luis Marrero indique que vu la forte concentration de
mercaptan, le produit a une très forte odeur et doit
par conséquent, être soigneusement enlevé du navire
lorsqu’il sera à destination et convenablement stocké
afin d’éviter toute conséquence environnementale et
tout problème avec les autorités ivoiriennes. Il
précise que la teneur en carbone de la cargaison est
de 21000 milligrammes par litre, soit une quantité
supérieure à la norme qui est de 2000mg par litre.
Par conséquent, il a prévenu que le liquide en
question ne doit pas être considéré comme une eau usée
mais une eau chimique. Il a demandé à Puma de
confirmer qu’elle peut effectivement faire débarquer
et stocker cette eau avec une entreprise qualifiée et
ayant obtenu en bonne et due forme l’autorisation
nécessaire avec les autorités en charge de
l’environnement.
Un liquide chimique présenté comme une eau usée

Malheureusement, lorsque le bateau arrive à Abidjan le
19 août, sa cargaison est déchargée en tant que «eau
usée» (c’est la mention que porte l’autorisation
délivrée par le ministère des Transports à la société
ayant fait le déchargement) et est déversée à la
décharge d’Akouédo, à la zone industrielle de Vridi et
au Plateau Dokui. Pour s’assurer que les termes de la
conférence de Bâle avaient été respectés par Trafigura
LTD, Zadi Dakouri, le point focal représentant la
Côte d’Ivoire dans la convention avec les
propriétaires du "Probo Koala”, leur écrit le 28 août
pour se renseigner. En l’absence de Luis Marrero, son
interface du côté de l’armateur, entre temps parti en
vacance, la réponse a été rédigée par son collègue
Naeeme Ahmed. Ce dernier confirme que son entreprise a
communiqué à Waibs toutes les informations
nécessaires. Il a redonné les mêmes informations à
Zadi Dakouri.
Les informations chimiques communiquées par Trafigura
LTD ont été confirmées par les analyses des
laboratoires de la Sir et du Centre anti –pollution
(Ciapol) à partir de prélèvements faits à la décharge
d’Akouédo. Selon les résultats de la Sir, chaque kg du
liquide contient 6129 mg de H2S (hydrogène sulfuré).
Il comprend aussi 750,6 mg de masse volumique à 15
degré Celsius par mètre cube etc. (voire tableau 2).

Des risques de malformations congénitales

La Sir conclut que l’échantillon qu’il a analysé
« s’apparente à du produit pétrolier de masse
volumique de 750,6Kg par mètre cube, proche de
l’essence, avec une très forte teneur en hydrogène
sulfuré, substance toxique pouvant à cette dose
entraîner la mort immédiate en cas d’inhalation ». Le
Ciapol indique de son côté (voire tableau 1) que
l’échantillon comporte plus de 10.000 mg de DCO par
litre soit plus de 20 fois la norme qui est de 500 mg
par litre. Parlons un peu du DCO. Il est constitué
essentiellement de carbone. A dose naturelle dans un
organisme ou dans la nature, cette matière n’est pas
toxique. Pour preuve, lors de la circulation sanguine,
le sang est parfois chargé de dioxyde de carbone. Mais
la quantité est si négligeable que le sujet ne le sent
pas. Le carbone devient toxique et étouffe
l’organisme au fur et à mesure que sa quantité
augmente. De même, un produit contenant du carbone ne
perturbe pas l’équilibre naturel tant que la quantité
reste dans les normes énoncée plus haut. Lorsque la
norme est dépassée, il faut obligatoirement faire un
traitement pour éviter qu’il soit nuisible à
l’environnement. Ce qui n’a pas été fait dans le cas
de la cargaison du "Probo Koala”. Outre, l’hydrogène
sulfuré déversé en grande quantité fait partie des
déchets non organiques difficilement dégradable. En
d’autres termes, il lui faut beaucoup de temps pour se
dégrader. Dans les trois zones où le produit a été
officiellement déversé et dans les zones où les
camions-citernes ont été lavés après le transport de
ces substances toxiques, plus de 500 personnes se sont
déjà plaint de malaise. Nombre d’entre elles sont
hospitalisées à leurs frais, contrairement aux
promesses gouvernementales de les prendre en charge.
Les conséquences pourraient aller au-delà des malaises
observés. Des analyses sont en cours pour vérifier si
le produit est radioactif ou non. En cas de
radioactivité, des risques de malformations
congénitales ne sont pas à écarter dans les zones
concernées.

Cissé Sindou

La negligence des autorites mise a nu:



Les informations mises à notre disposition par
certaines sources révèlent l’existence d’échanges, par
courrier électronique, entre les responsables du
bateau pollueur, le “Probo Koala”, et les autorités
ivoiriennes. Précisément entre MM. Jorge Marrero,
Naeem Ahmed, pour le compte du "Probo Koala" d’une
part, et MM. N’Zi Kablan et Zadi Dakouri, représentant
la Côte d’Ivoire, d’autre part. Ce dernier étant
d’ailleurs le point focal de la convention liant
l’Etat de Côte d’Ivoire aux représentants du navire
incriminé. Et, selon les informations desdits
courriers, certaines informations afférentes à la
nature extrêmement toxique des déchets avaient été
données. Il s’agissait notamment du type de déchets
(des résidus chimiques), de leur origine, des
différents constituants (soude caustique, sulfure de
mercantème, gasoline) qui les composent et de la
société Waibs (West African International Business
service) qui, les recevant en Côte d’Ivoire, devrait
mettre en place un dispositif pour les traiter. Les
armateurs avaient même mentionné dans leurs
correspondances que ces déchets avaient une forte
odeur. Vu cet ensemble d’informations, l’on est amené
à se demander pourquoi les autorités ivoiriennes ont
permis à un tel navire d’accoster au port d’Abidjan?
Outre cette première phase, l’on n’ignore pas qu’un
bateau arrivant doit traverser différentes étapes.
Après avoir été codifié par le service «point de
contact» du port à travers le système de code
international pour la sûreté des navires et des
installations portuaires (IPPS), il doit être soumis à
un certain nombre de contrôles. Il s’agit de celui des
inspecteurs des affaires maritimes, des agents de la
douane, de ceux du ministère des transports. Mais il
faut noter que la mission la plus importante revient
aux agents du Centre Ivoirien anti pollution (Ciapol).
Ces derniers, aux dires d’une de nos sources, sont
dans le cas d’espèce, chargés de vérifier le produit
transporté, d’analyser sa toxicité. Et, c’est
seulement suite à leur avis favorable que le
déchargement est effectué par la Société Tommy, citée
dans l’affaire du déversement des produits toxiques à
Abidjan. Comment toutes ces étapes ont-elle pu être
franchies? Les agents du Ciapol ont-ils vraiment fait
leur travail ? Sinon, comment la société consignataire
a-t-elle réussi à faire décharger du bateau ce produit
hautement toxique, et à le faire sortir du port dans
des dizaines de camions au nez et à la barbe de la
douane, de la police maritime ? Selon les informations
en notre possession, le Ciapol a été avisé que le
lundi 21 août, soit trois jours après que les résidus
aient été déchargé par la société Tommy et déversés
dans les sites du canal de Vridi, à la station de
dépotage au Plateau Dokui et à la décharge d’Akouédo.
Comment tout cela a-t-il pu être possible puisque
selon la logique de nos informateurs, le Ciapol devait
être sur les lieux avant tout déchargement? Qui a donc
donné l’ordre à la société Tommy (spécialisée dans la
vidange, l’entretien et le soutage des navires au
port) d’effectuer son opération? Bien que disposant
d’un agrément du ministère des transports, la société
«Tommy», avait t-elle le droit de décharger un tel
produit?
Selon le rapport du Ciapol, des prélèvements ont été
effectués à la décharge d’Akouédo le lundi 21 août à
12H30 et conduit au laboratoire de la dite structure à
14H. Suite aux résultats des analyses, le Ciapol a
demandé que le "Probo Koala" soit arraisonné à cause
de la dangerosité de son contenu. Mais avant que le
procureur ne délivre le document autorisant cette
saisie, le navire qui avait accosté au quai Petroci et
qui devait être remorqué jusqu’au canal, a pu s’en
aller. Qui a donné l’ordre au bateau-tracteur de
remorquer le bateau pollueur en dehors du quai ? Le
commandant Bombo, responsable de la Direction des
opérations maritimes (Dom) est, selon des sources
proches de son service, informé de l’arrivée et du
départ de tout navire. Quelle est sa responsabilité
dans la fuite du "Probo Koala"?
Des personnes selon le ministre de l’environnement de
l’environnement et des eaux et forêts ont étés
interpellées et d’autres seront auditionnées.
Souhaitons seulement que cette enquête puisse apporter
des éléments de réponse.

Touré Yelly

Sunday, September 03, 2006

Environnement : Déchets déverses à Akouédo, Abobo et Vridi


La grande intoxication

Le Patriote No. 2079 du Lundi 4
Septembre 2006

Les Ivoiriens ignorent toujours les vrais responsables de la décharge de produits toxiques, à Abidjan, qui continuent d’intoxiquer les populations.
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Depuis la nuit du dimanche 20 août 2006, le vieux Koné Soumaïla la soixantaine environ, ses deux épouses et ses trois enfants dorment difficilement. Car confrontés chaque jour à une odeur suffocante de gaz. Cette odeur qui se ferait plus persistante les nuits n’est autre que celle du gaz des déchets toxiques déversés par des camions citernes dans le lac artificiel d’Abobo Plateau Dokui à proximité duquel loge le vieux Koné Soumaïla et sa petite famille. «… Nous ne savons pas ce qui est à l’origine de cette odeur, mais nous respirons difficilement ici depuis plus de trois dimanches maintenant», dénonce-t-il avant de poursuivre. «Au début, j’accusais mes enfants qui utilisent souvent des insecticides contre des moustiques. Mais après plusieurs jours, je me suis ravisé et j’ai compris que l’odeur provenait d’ailleurs et d’autres choses».Sur la berge du lac artificiel, le décor est plus dramatique. Là, impossible de tenir plus d’une minute sans se boucher le nez à cause de la forte odeur.Aussi, remarque-t-on, un peu partout, les cadavres d’oiseaux et d’un chien qui ont sûrement eu un contact avec le liquide toxique. «…Mon chien s’appelait «Patience», mes enfants l’ont entraîné dans leur promenade et ils m’ont rapporté qu’il est tombé seulement cinq minutes après avoir bu l’eau de la rivière sans doute contaminée par le produit », révèle M. Sanogo Ibrahim, un autre riverain de la zone.Sur l’autoroute qui relie Abobo et Adjamé, l’atmosphère est plus invivable. Juste à l’arrière de la société «Coquivoire» où le contenu des citernes a été déversé, impossible pour les mécaniciens et autres commerçants d’exercer à proximité de l’espace contaminé. “… Nous sommes obligés de quitter notre garage pour recevoir les clients de l’autre côté de la route tellement l’odeur est forte”, avoue Traoré Ismaël chef de garage.Ce dernier raconte que deux camions sont arrivés le dimanche 20 août 2006 dans la zone à 18 heures au moment où pratiquement tous les travailleurs avaient rejoint le domicile. Sans aucune difficulté, poursuit-il, ils ont déversés leur contenu dans le ravin d’à côté. «… Mais quand l’odeur a commencé à sentir, un véhicule du CeCOS de passage les a interpellés avant de les relâcher après un coup de fil anonyme» révèle-t-il. A Akouédo comme à Vridi, les populations et travailleurs dans un rayon d’un kilomètre des sites pollués ne supportent plus l’odeur. Les employés du guichet unique et de plusieurs autres entreprises de vridi dans la zone du port ont dû arrêter le service quelques jours avant de le reprendre après. Car l’inspiration ou l’absorption du gaz par plusieurs personnes a produit des effets néfastes sur la santé de celles-ci.Saignement du nez, éruptions cutanées, maux de gorge…, les conséquences sanitairesA ce jour, le bilan non encore officiel des CHU de Cocody, Yopougon et Treichville de personnes se plaignant de malaises causés par les produits toxiques du navire russe, battant pavillon panaméen, est très lourd.Au moins 500 personnes souffrent réellement de saignements de nez, d’éruptions cutanées, de maux de gorge, de desséchements et de palpitation de cœur. «… Il y a possibilité de voir des personnes se plaindre des mêmes maux dans dix ou quinze ans plus tard tant les produits contenus dans les déchets toxiques sont dangereux», s’inquiète une source médicale. En effet, dans un courrier confidentiel adressé au gouvernement, les analystes de la SIR (Société ivoirienne de Raffinage) et du centre ivoirien anti pollution (CIAPOL) les produits déversés à Abidjan contiennent de l’hydrogène sulfuré et des produits cancérigènes dont le moindre contact avec tout le corps peut être fatal tôt ou tard.Pour l’instant, le gouvernement à la recherche des vrais responsables de cet acte, ne parle pas de dédommagement encore moins d’une campagne générale de désintoxication. En attendant, les populations d’Akouédo après une manifestation de rue le vendredi 1er septembre dernier ont décidé de fermer les portes de la décharge le temps qu’une solution soit trouvée à cette crise sanitaire et écologique.
Coulibaly Moussa

Les autorités portuaires avaient été prévenues

Le Patriote No. 2079 du Lundi 4 Septembre 2006
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C’est un document de grande révélation. Le courrier électronique de Jorge Luis Marrero responsable de Trafigura LTD, commissionnaire du «Probo Koalo», adressé au capitaine N’Zi Kablan de la Douane du port le jeudi 17 août 2006 à 14h46 , en dit long sur la négligence des autorités ivoiriennes. En effet, bien avant que le navire russe accoste le vendredi 18 août 2006, les responsables du navire avaient prévenu sur la toxicité des produits que le bateau transportait. «… s’il vous plait, les déchets à bord du bateau sont un mélange d’essence et de souffre avec une forte concentration de produits sulfurés qui dégage une mauvaise odeur. Ces déchets ont donc besoin d’être enlevés et traités avant d’être évacués dans des endroits susceptibles de ne poser aucun problème pour les autorités » avertit il dans son courrier avant de demander «… avec l’accord de tous nos partenaires, je vous demande de vous arranger à prendre toutes les dispositions pour supprimer le produit en accord avec toutes les structures intervenants dans ce domaine et surtout après obtention des documents administratifs légaux ».Mais hélas, le capitaine N’Zi Kablan et bien d’autres responsables ivoiriens ont décidé d’agir autrement en déversant les produits bruts dans des zones à forte contraction humaine. Quelle bêtise !
Coulibaly Moussa
De la responsabilité du port et du district d’Abidjan
Le Patriote No. 2079 du Lundi 4 Septembre 2006
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Assurément la plus grande catastrophe écologique et sanitaire de l’histoire de la Côte d’Ivoire. L’affaire de déchets toxiques du navire russe «Probo Koala», battant pavillon Panameen n’a pas encore révélé tous ses secrets. Si l’on n’émet plus de réserves sur l’origine et le contenu des produits toxiques déversés à Abidjan depuis le 19 août 2006, il n’en demeure pas moins qu’il reste encore des zones d’ombre à élucider. Notamment les vrais responsables et surtout la grande transaction financière qu’il y a pu avoir autour de ce scandale.A ce niveau, ce ne sont pas les soupçons qui manquent. En se référant aux procédures et normes nationales et internationales pour le transport et l’évacuation des déchets, tous les regards se tournent vers le directeur général du port et le gouverneur du district d’Abidjan. En effet, au Port d’Abidjan, l’activité d’enlèvement de l’eau sale a été concédée au ministère de l’Environnement à travers le CIAPOL. C’est donc ce dernier qui a délivré un agrément à la société Tommy, il y a moins d’un mois. Pour procéder donc à l’enlèvement et à l’évacuation du «Probo Koala» la société «Tommy» sur la base de documents délivrés par le district d’Abidjan a pu obtenir l’accord de la direction du port.A partir de là, l’on se demande comment les deux structures à savoir le port et le district sans avoir contrôlé au préalable le contenu du navire ont pu autoriser «Tommy» à l’enlèvement et à l’évacuation. Et puis, les douaniers du port ont-ils réellement convoyés comme il se doit les citernes chargées pour les vider sur les sites pollués ? Où encore qui a dissuadé les agents du CeCOS de mettre aux arrêts les personnes venues déverser le produit à Abobo ? Autant de questions qui, si elles sont élucidées, peuvent aider à situer les responsabilités.
Coulibaly Moussa